Tout d'abord MONDES imPARFAITS, un superbe ouvrage qui traite d'utopies et de dystopies, avec l'univers des Cités Obscures en fil rouge. Les fans de la célèbre série de Schuiten et Peeters seront ravis, notamment par la présence d'interviews, de dessins rares ou inédits.
Il y a cependant aussi de quoi ravir d'autres lecteurs que la thématique inspire, puisque de pertinentes analyses se suivent, foisonnantes de références, du Meilleur des mondes et 1984 à Blade Runner, en passant par Metropolis, Blake et Mortimer, Brazil, Black Mirror, etc. Le tout est enrichi de vieilles gravures, des extraits ou affiches de films, d'hallucinantes vieilles couvertures de magazines "pulp" SF et d'autres images d'archives.
Si ce beau livre - édité par Les Impressions Nouvelles - se savoure en soi, il est aussi le prolongement de la grande exposition "MONDES imPARFAITS", qui se tient jusqu'au 25 octobre 2020 à La Maison d'Ailleurs, musée de la science-fiction, de l'utopie et des voyages extraordinaires d'Yverdon (Suisse).
Autre régal pour les yeux, dans un autre genre : l'art book du long métrage d'animation très remarqué La fameuse invasion des ours en Sicile. On y découvre de nombreuses recherches graphiques de Lorenzo Mattotti, grand illustrateur et ici réalisateur en prime, ainsi que celles de son équipe sur le projet. Le tout est ponctué d'entretiens sur les raisons qui l'ont porté à adapter cette fable pour enfants du romancier Dino Buzzati (Le désert des tartares, Le K, ...) sa démarche. Je n'ai pas encore vu le film, mais pour en avoir vu la bande annonce et de nombreux extraits (y compris quelques uns repris dans ce livre), je trouve inégalable l'art "fait main" de Mattotti avant le "lissage". Il y a dans ces esquisses un superbe prolongement ou préambule à la découverte cinématographique, mais aussi de quoi s'émerveiller indépendamment d'elle.
A noter : l'éditeur, Gallimard Jeunesse, publie parallèlement un Album du film, au même format. Le texte n'est pas l'original de Buzzatti, mais bien le scénario (de Thomas Bidegain, Jean-Luc Fromental et Lorenzo Mattotti) réadapté par Nathalie Kuperman. On ne retrouve pas non plus les crayonnés et pastels de Mattotti ici, mais uniquement des "captures d'écran" mises en page. Moins indispensable, mais un bon complément.
Chronique par Joachim Regout
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