BD : L'ours est un écrivain comme les autres

Alain Kokor signe une adaptation en cases libre et touchante du roman L’ours est un écrivain comme les autres de William Kotzwinkle.

On y assiste aux histoires en parallèle d’Arthur, un romancier malchanceux, et de Dan, un ours aussi affamé que futé, qui va rencontrer le succès grâce au manuscrit du premier.

L'auteur, déjà désespéré d’avoir vu disparaître sa maison et plus d'un an de travail dans un incendie, devient carrément dépressif suite à la disparition de la mallette contenant son nouveau roman, prêt à être soumis aux éditeurs. Arthur avait pourtant pris soin - obnubilé par la hantise des flammes - d'enterrer l'attaché-case sur son terrain, au pied d'un arbre en bordure de forêt. 


L’ours, qui est bien entendu le responsable de ce larcin, prend le train, sa trouvaille sous le bras, et arrive en ville. Guidé par la faim, usant de sa capacité d'adaptation et aidé par de surréalistes coïncidences, il parviendra à se faire passer pour un artiste pour le moins atypique... et à devenir la coqueluche des médias dès la parution du livre dont tout le monde lui attribue la paternité.

Comment est-ce que l’animal pourra continuer à satisfaire ses besoins primaires une fois que s'estompera le buzz et les bénéfices du premier bestseller ? Et c
omment le véritable écrivain ayant sa vocation mis à mal par de cruels coups du destin retrouvera-t-il goût à la vie ? Il vous faudra lire cette BD bien sympathique pour le savoir.  

Kokor y adopte un style graphique plus dépouillé que par le passé (cf. Supplément d’âme, par exemple),  limite sa gamme chromatique (orange sanguine et noir) et, en bon adaptateur, coupe aussi partiellement dans ce qui fait le sel du roman pour le transposer à un autre type de narration, à savoir une multitude de bonnes répliques. Le dessinateur replacera néanmoins ses extraits non-retenus préférés dans le carnet "making of" en fin d'ouvrage, illustrés de ses croquis. Bonne idée.

Chronique par Joachim Regout
Album paru chez Futuropolis