Après Château de sable*, sur un scénario d’anticipation pessimiste de Pierre Oscar Lévy, revoici Frederik Peeters en solo pour une nouvelle saga de science-fiction adulte.
L’odeur de la poussière chaude commence par montrer le protagoniste, Verloc Nim, se réveiller, complètement sonné et amnésique, au sommet d’un volcan, sur une planète dévastée. Dans ce contexte mystérieux, on lui découvre un compagnon : Churchill, un robot ultra-puissant à l’apparence de singe fumeur de cigares. Petit à petit, grâce à son journal intime de papier, Verloc va retracer l’historique des événements : la société inégalitaire dont il est issu, son refus d’implants technologiques, sa vie personnelle en perdition, l’accompagnement de son frère ingénieur en mission sur la planète Ona(Ji), ses interrogations sur les réels enjeux de cette mystérieuse substance "aâma" à récupérer, la stupeur de rencontrer une adolescente qui ressemble comme deux gouttes d’eau à sa propre fille muette et les interactions avec d’autres personnages interpellants.
L’approche "space opera" de ce feuilleton-ci tranche radicalement avec la série Lupus* qui, en plus d’avoir été traitée en noir et blanc, prenait le genre science-fiction complètement à contrepied. On retrouve toutefois le questionnement récurrent de l’auteur face au temps qui passe. "Mes enfants qui grandissent, qui muent, mon corps qui change, mes parents qui vieillissent, l’évolution des rapports filiaux, l’abandon de ses rêves de jeunesse, l’usure de la capacité d’émerveillement, la vie de couple à long terme, toutes ces questions sont de plus en plus présentes dans mes livres. Aâma est une tentative d’intégration de tous ces sujets dans un vrai récit d’aventures exaltant."
Frederik Peeters s’octroie aussi le temps de mettre son récit complexe en place avant de laisser cours aux premières scènes d’action (on se croirait soudainement presque dans le manga Gunnm vers la planche 68). Il avance, sans prévoir de manière précise le nombre de tomes et sollicite donc notre confiance en ses compétences de narrateur. A défaut de pouvoir être déjà conquis par ce nouveau projet, il est vrai qu'on a rarement été déçus jusqu’ici. Son dessin évolue, avec un trait plus fin, plus réaliste.
Je vous recommande son blog, où l'on peut suivre l'élaboration de son travail au fur et à mesure. On y découvre qu’un décor aux allures irréelles est inspiré d’un tableau de Monet, que certaines cases reprennent des scènes photographiques d’un voyage en Egypte, ou encore qu’un ecclésiastique vénitien de la Renaissance pourrait bien prêter ses traits pour un futur grand méchant… "J'aime l'idée d'un lointain futur où, les propagandes religieuses antiques ayant disparu, le port de la grande barbe revient à la mode comme signe de réussite et d'autorité." confie-t-il.
Je vous recommande son blog, où l'on peut suivre l'élaboration de son travail au fur et à mesure. On y découvre qu’un décor aux allures irréelles est inspiré d’un tableau de Monet, que certaines cases reprennent des scènes photographiques d’un voyage en Egypte, ou encore qu’un ecclésiastique vénitien de la Renaissance pourrait bien prêter ses traits pour un futur grand méchant… "J'aime l'idée d'un lointain futur où, les propagandes religieuses antiques ayant disparu, le port de la grande barbe revient à la mode comme signe de réussite et d'autorité." confie-t-il.
(A suivre…)
Chronique par Joachim Regout
* Lisez toutes nos chroniques sur les BD de F. Peeters :
- Pachyderme
- RG
- RG
- Koma
- Lupus