"- Les arbres ne sont apparus qu'il y a...
350 millions d'années !
- Mais ils communiquent avec la Terre !
On peut imaginer qu'elle leur partage sa mémoire...
voire même qu'elle la stocke dans les arbres.
Un peu comme nous le faisons avec le Cloud.
La mémoire de notre planète écrite dans l'ADN de l'arbre...
Frawley a appelé ça le CODEX ARBORIS.
Si l'on parvenait à le lire, ce serait
la plus grande découverte de l'Histoire."
Zep (Titeuf, Happy Rock, Happy Sex…) avait déjà dévoilé un pan plus sérieux et réaliste de sa production au travers de deux “one-shots” avant celui-ci : Une histoire d’hommes et Un bruit étrange et
beau. C’est dans cette veine qu’on sent l’auteur se renouveler et
bonifier aujourd’hui, d’album en album.
L’idée du récit de The End s’est d’abord bâti sur un cas d’antilopes d’Afrique du Sud, dont la surpopulation fût régulée par des acacias ayant modifié la composition chimique de leurs feuilles.
L’idée du récit de The End s’est d’abord bâti sur un cas d’antilopes d’Afrique du Sud, dont la surpopulation fût régulée par des acacias ayant modifié la composition chimique de leurs feuilles.
D’autres observations et déductions scientifiques bouleversantes ont ensuite nourri l’inspiration de Zep : le mode de
communication des arbres (par les airs, leurs racines et un réseau
souterrain de champignons), leur système d’adaptation et l’impact très
probable sur tout l’environnement. Il aurait d’ailleurs été appréciable
qu’un petit dossier en fin d’album nous mentionne les sources (au-delà
des remerciements au jardin botanique de Genève) et nous aide à
distinguer les hypothèses réelles des éléments de fiction… puisque Zep
mêle habillement le tout pour nous servir un thriller d’anticipation
apocalyptique où tout semble parfaitement crédible.
Il y intègre même un
personnage nommé Professeur Frawley, qui n’est autre que le célèbre
biologiste Francis Hallé dans la vraie vie. Ce dernier s’est d’ailleurs
impliqué dans l’oeuvre par une relecture, afin que les informations de
base soient vérifiées par son regard d’expert.
Dans la bande
dessinée, ce vieux sage est actif dans un centre de recherche suédois, reclus en pleine forêt. Pour créer le contraste avec sa personnalité quelque peu
bougonne, il y a sa jolie assistante Moon et puis surtout
Théodore, un stagiaire fraîchement arrivé, ex-zadiste et qui, lui,
pour l’anecdote, a la physionomie du fils de Zep. La fibre militante du
jeune héros se réveillera dès lors qu'un lien s'établira entre l’apparition
d’étranges champignons aux pieds des troncs et la grosse usine Pharmacorp
implantée non loin de là.
En fond sonore, passer la célèbre chanson des Doors auquel le titre du livre fait référence produit son petit effet. Ces pages ne sont pas là vous faire rire, mais elles incitent à contempler la nature sous un jour nouveau et à nourrir l'espoir et la résilience dans la sinistrose ambiante…
Petit coup de coeur pour moi, même si je regrette que le dessinateur n’ait pas usé de son exceptionnel talent d’aquarelliste. Ses bichromies en colorisation numérique sont maîtrisées, la couleur à l’eau aurait cependant conféré au trait plus de chaleur, aux personnages plus de présence et surtout aux arbres (et autres paysages) plus de vie.
Bande dessinée parue aux éditions Rue de Sèvres.
Chronique par Joachim Regout
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à propos d'ouvrages signés Zep :
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- Happy Rock
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