BD: Titeuf - T18 : Suivez la mèche

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8e volume et trentième année d’existence pour Titeuf.
Et ? ...
Suivez la mèche est juste un Titeuf "standard" de plus.
Amusant, attachant, mais contrairement aux récits longs de Bienvenue en adolescence (tome 14) ou La grande aventure (tome 17), Zep peine ici un peu à renouveler son inspiration, ses trouvailles graphiques et ses chutes de gags. Bien sûr, il y incorpore quelques références à l’actualité, aux évolutions technologiques (Tik Tok), mais les moments de rire se font rares. 

I
l y a toutefois une poignée de pages mémorables… qui le sont dans un registre plus doux-amer qu’humoristiques : "L'urgence climatologique", "Cyberlove" et surtout "Les nouveaux monstres" sont particulièrement touchantes.



Par contre, au risque de nous voir reprocher de cracher dans la soupe qui nous est servie sur un plateau par les éditions Glénat, et par la même occasion de nous faire rayer de leur carnet d’adresses, nous avons un gros, mais alors un très gros coup de gueule à leur faire passer. On se demande aussi pourquoi le dessinateur, superstar de la BD, s'
affichant plutôt "écolo" dans les médias, n'a pas cherché à user de son influence auprès de son éditeur : 


 
Nous avons en effet bénéficié, comme la plupart des journalistes du secteur culturel, d’un service de presse pour la parution de cet album. Un nouveau Titeuf se fait en effet toujours en grande pompe et ça ne lésine jamais sur les moyens de promo… et le gaspillage !

O
r, nous sommes en 2023, à l'heure où la 6e limite planétaire vient d'être franchie, où le réchauffement climatique global s'accélère plus vite que prévu, où l'acidification des océans est plus que préoccupant, où les pollutions se multiplient, où la vie des mammifères est menacée... Et pendant ce temps-là sont - par exemple - envoyés à des milliers de rédactions de journaux, de magazines, de webzines,
de radios, de télés, d'influenceurs youtube - et j'en passe - un dossier de presse dépliable de 8 pages cartonnées, de même format et épaisseur que la couverture (!) du livre, imprimées tout en couleur, au verso duquel figure une photo grandeur nature de la (demi-)tronche de Zep, surplombée d'incitants marketing sans imagination ("30 ans, ça se fête !", "Suis-nous sur les réseaux sociaux !", "L'album de la maturité ?") ; et, au recto, un duplicata de la couv' (inutile), un récapitulatif des titres parus (tout aussi inutile : ça figure dans la BD), un énième rappel de la biographie de l'auteur, ainsi qu'une courte interview officielle. C’est trop encombrant et inintéressant à conserver, l'info pertinente aurait pu tenir sur le recto-verso d'une simple feuille de papier.
 
Et ce n’est pas tout : sont joints un pin’s, un marque-page avec une floche en synthétique jaune, un jeu de cartes "action ou vérité", un porte-clef avec une mèche métallique, chacun de ces objets étant fabriqués dans un pays lointain (dans les conditions déplorables qu'on imagine) et... emballés individuellement dans du plastique ! Si une partie des gadgets trouvera éventuellement des enfants preneurs, la quantité de déchets est cependant là.

Last but not least, en cerise sur le gâteau du cynisme, voici un extrait de l’entretien du dossier :

"C
ette année, Titeuf semble particulièrement sensible à la pollution qui impacte les océans. Pouvez-vous nous parler du partenariat avec Surfrider ?
(Zep :) Titeuf devient pédagogique dans ce genre de projet (...) Les enfants nous rappellent à nos responsabilités d'adultes en s'engageant eux-mêmes pour l'avenir de leur planète. Il y a peu de choses que l'on peut faire à cet âge."


et blablabla.

S
i on nous invite à suivre la mèche plutôt que l'exemple, où est la cohérence ? De qui se moque-t-on ?!?*

Joachim Regout
pour la rédaction des Chroniques d'Asteline


* NDLR : notre page Facebook et celle de Joachim Regout sont à disposition des représentants actuels des éditions Glénat et de l'auteur s'ils souhaitent réagir.

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