Editeur : Casterman
Enki Bilal est un
dessinateur dont le sens de l’image force l’admiration… et dont les
scenarii en zones inconnues nous égarent souvent, repoussant parfois les
limites de la bande dessinée et de notre vision. On reconnaît
aussi au véritable artiste cette capacité à prendre le risque d'échouer... ce qui me semble être le cas ici, malgré la sincérité
perceptible dans la démarche de l’auteur.
Après
la mythique trilogie Nikopol et la semi-réussite de Monstre*, Bilal nous
avait proposé le très beau Animal’z*, un album pouvant se lire comme un
one-shot, mais aussi comme le volet d’ouverture d’un "triptyque
planètologique"... qui se clôt aujourd’hui avec La couleur de l’air. Les trames d'Animal’z et de Julia et Roem* s'y poursuivent et s'y rejoignent, avec leurs deux groupes de survivants distincts, évoluant dans un contexte
post-apocalyptique et un décor indéfini. Il y a un peu de l'Arche de Noé dans tout ça.
Progressivement, le crayon graphite sur papier teinté laisse à nouveau place aux couleurs acryliques.
Comme une lueur d’espoir dans un univers plombé ? Sans en dévoiler le
contenu, l’épilogue métaphorique (un peu maladroit) semble traduire les
rêves utopistes de Bilal. Quant à l’ultime image, ceux qui connaissent
la pochette de The Road To Hell de Chris Rea se demanderont légitimement
s’il s’agit d’un clin-d’oeil.
Certaines cases, prises isolément, sont magnifiques. C’est principalement dans les plans d’ensemble et demi-ensemble, ainsi que dans les dessins animaliers que le trait libéré et dépouillé de Bilal fait merveille. En revanche, ses plans rapprochés d’humains rendent ses “tics” graphiques, les répétitions de physionomie et les approximations anatomiques de plus en plus gênants.
Gênant aussi est la confirmation de ce choix de typographie et de phylactères informatiques désolidarisés de l’image, qui ne correspondent en rien au trait de l'auteur. Même si le procédé octroie la possibilité à Bilal de se limiter au plaisir de dessin et d’écriture, le résultat est esthétiquement discutable et met en exergue la faiblesse des dialogues. Sans parler d'autres lacunes des textes, comme une non-distinction entre les divagations et les informations pertinentes dont il faut tenir compte pour suivre.
Gênant aussi est la confirmation de ce choix de typographie et de phylactères informatiques désolidarisés de l’image, qui ne correspondent en rien au trait de l'auteur. Même si le procédé octroie la possibilité à Bilal de se limiter au plaisir de dessin et d’écriture, le résultat est esthétiquement discutable et met en exergue la faiblesse des dialogues. Sans parler d'autres lacunes des textes, comme une non-distinction entre les divagations et les informations pertinentes dont il faut tenir compte pour suivre.
Il est vraiment dommage d’observer ici tant de défauts se mêler aux talents de ce grand Monsieur de la bande dessinée.
Chronique collective de la rédaction Asteline
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ainsi qu'une longue interview de l'auteur !