Editeur : Glénat
On ne présente plus Zep. On ne présente plus Titeuf.
On ne juge pas utile de vous parler systématiquement des têtes de
gondole. Alors pourquoi parler de ce 14e album de la star des récrés ?
Tout d’abord parce que malgré l’un ou l’autre tome plus facultatif, la
qualité de la série ne faiblit pas. L’auteur ayant décidé de diversifier
sa production, il ne se consacre aux mésaventures du gamin à la
gigantesque houppe blonde* que lorsqu’il en a envie, que lorsque les
idées lui semblent bonnes. C’est tout à son honneur. Une autre raison,
c’est qu’ici on a droit à une histoire complète (comme dans Nadia se
marie) plutôt qu’à une suite de gags. La thématique s’y
prête particulièrement bien.
On avait apprécié, dans le volume précédent, l’arrivée d’un nouveau
personnage, la belle Ramatou. On retrouve bien entendu cette "autre
amoureuse de Titeuf", en concurrence avec Nadia… quand elles ne se
retournent pas toutes deux contre leur petit don juan... qui commet
beaucoup d’impairs.
Persuadé qu’il lui faut, pour plaire aux
filles, accélérer le processus de l'adolescence, c’est
évidemment auprès de ses copains qu’il trouvera les conseils les plus
foireux. C’est que c’est préoccupant et fascinant, l’"adologie" : ça
mérite bien une enquête approfondie (et des dérives d’imagination), des
défis à relever (comme oser demander des chewing gums à la testostérone
au pharmacien), des tests scientifiques (faire pipi dans une bouteille
pour voir s’il y a des spermatozoïdes qui nagent dedans), de se faire
dessiner de faux boutons sur le visage, de s’y coller des poils de chat
et d’afficher un air dépressif.
Une fois encore, il m’a touché et amusé, ce bonhomme. Un plaisir de
lecture, tant pour les futurs ados que les anciens ados, car ce n’est
finalement pas tant une question d’âge, comme le confirme Zep dans une
interview récente : "Je me suis aperçu qu’il n’y a pas de public adulte
et de public enfant. Chaque lecteur lit son livre. Il ne s’agit donc pas
d’alterner les gags enfantins et les vannes adultes : ce serait trop
facile. Il y a des enfants très sérieux, très sensibles à des sujets
compliqués, et il y a aussi des adultes qui aiment retomber en enfance
et rire des gags les plus potaches. Des lecteurs trouvent des choses
dans Titeuf que je n’avais pas mises. Ça me dépasse, mais c’est ça, la
magie du personnage !"
La magie de la série est en effet liée, en plus de ce dessin
particulièrement expressif et cette narration fluide, à ce don qu'a
l'auteur d’y insérer de manière subtile ou drôle - mais toujours
pertinente - des grands thèmes de société et existentiels. Parce que
c’est là le propre de l’enfance, poursuit-il : "On passe de la partie de
foot à la déception amoureuse, du paquet de bonbons au journal TV où
l’on voit la mort à l’écran. Lorsque votre enfant vous demande ce qu’il y
a après la mort, on essaie de trouver une réponse philosophique,
intelligente, un peu longue... et là, il vous coupe pour demander ce
qu’il y a à manger ce soir. C’est le mix de l’enfance, on se construit
avec tout ça."
Chronique par Joachim Regout
* bien que fortement raccourcie dans cet album-ci. Je ne vous en dévoile pas la cause.
Toutes les Chroniques d'Asteline
à propos d'albums de Zep :
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- The End
- Happy Sex
- Happy Rock
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