"Si vous deviez faire un roman graphique, il serait comment ?" Mark Nevelow, directeur de collection chez Piranha Press, posa cette question à Howard Crowe en 1990. Ce dernier mettra cinq ans pour y répondre avec Stuck Rubber Baby... et quelle réponse ! L'ouvrage paraîtra une première fois dans une édition française en 2001, chez Vertige Graphic et sous le titre édulcoré Un monde de différence, avant de se voir réédité aujourd'hui chez Casterman, sous son titre original.
Toland Polk vit à Clayfield, petite ville imaginaire du sud des Etats-Unis. En ce début des années '60, être noir ou homosexuel n'est vraiment pas recommandé. Toland fait donc tout pour nier et rejeter ses attirances masculines, s'efforcer d'avoir l'air "normal". Il trouve néanmoins refuge auprès d'un groupe d'amis fidèles et fiables. Au gré des rencontres, la situation déplorable des noirs lui saute au visage : victimes des lois ségrégationnistes, les passages à tabac et lynchages sont monnaie courante et rarement punis. Dans cette ambiance raciste, homophobe mais également misogyne, le tout sous couvert de religion, la lutte pour les droits civiques s'enclenche.
Bien que relatant des faits plus anciens, ce roman graphique fleuve de 200 pages sonne toujours d'actualité. Ses thèmes ne manquent pas de revenir en force lors de violences policières, de crimes, de tensions dans certaines villes ou lorsqu'une partie de la population clame sa volonté de restituer les "normes" d'un passé soi-disant "idéal".
Howard Cruse, connu jusqu'alors pour ses comics alternatifs et sa place importante dans la BD gay, signe avec Stuck Rubber Baby un chef-d'œuvre. En s'inspirant de nombreuses anecdotes de sa vie, il nous touche avec cette galerie de personnages attachants bien qu'imparfaits, attachants parce qu'imparfaits. Leurs physiques un peu trop larges, gauches, traduisent bien leurs hésitations, leurs maladresses. On sent le travail colossal de l'artiste, dans la minutie et l'envie d'être le plus proche possible de la réalité, dans la description d'une époque et de faits ayant existé. Le beau noir et blanc hachuré et la narration haletante forcent l'admiration.
Le livre parfait en faveur de la différence et de la tolérance.
Toland Polk vit à Clayfield, petite ville imaginaire du sud des Etats-Unis. En ce début des années '60, être noir ou homosexuel n'est vraiment pas recommandé. Toland fait donc tout pour nier et rejeter ses attirances masculines, s'efforcer d'avoir l'air "normal". Il trouve néanmoins refuge auprès d'un groupe d'amis fidèles et fiables. Au gré des rencontres, la situation déplorable des noirs lui saute au visage : victimes des lois ségrégationnistes, les passages à tabac et lynchages sont monnaie courante et rarement punis. Dans cette ambiance raciste, homophobe mais également misogyne, le tout sous couvert de religion, la lutte pour les droits civiques s'enclenche.
Bien que relatant des faits plus anciens, ce roman graphique fleuve de 200 pages sonne toujours d'actualité. Ses thèmes ne manquent pas de revenir en force lors de violences policières, de crimes, de tensions dans certaines villes ou lorsqu'une partie de la population clame sa volonté de restituer les "normes" d'un passé soi-disant "idéal".
Howard Cruse, connu jusqu'alors pour ses comics alternatifs et sa place importante dans la BD gay, signe avec Stuck Rubber Baby un chef-d'œuvre. En s'inspirant de nombreuses anecdotes de sa vie, il nous touche avec cette galerie de personnages attachants bien qu'imparfaits, attachants parce qu'imparfaits. Leurs physiques un peu trop larges, gauches, traduisent bien leurs hésitations, leurs maladresses. On sent le travail colossal de l'artiste, dans la minutie et l'envie d'être le plus proche possible de la réalité, dans la description d'une époque et de faits ayant existé. Le beau noir et blanc hachuré et la narration haletante forcent l'admiration.
Le livre parfait en faveur de la différence et de la tolérance.
Chronique par Reynald Riclet