BD DOCUMENTAIRE : Le genre, cet obscur objet du désordre


Un livre sur une thématique sujette à débats houleux : le genre… que Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu, ont d’ailleurs sous-titré cet obscur objet du désordre. Si on sent leur militantisme contre les LGBTphobies dès la couverture*, les auteurs proposent ici une analyse assez rigoureuse - mais jamais ennuyeuse - des différentes polémiques, avec des références scientifiques et historiques.

Pour les conservateurs "antigenres" "la théorie du genre est une position philosophique et sociologique qui affirme que l’identité sexuelle n’est qu’une construction sociale, indépendamment de toute réalité biologique comme le corps sexué.". On réalise en ces pages que c’est un peu - beaucoup - plus complexe qu’une "théorie" et il faudrait parler d’une évolution d’études et d’une reconnaissance objectivée de discriminations. Évidemment, elles dérangent l’ordre établi, qui tente de masquer les inégalités. L’ouvrage tente aussi de remettre de l’ordre dans toutes sortes de termes ayant été amalgamés entre les termes "sexualité", "sexe", "genre", "normes de genre" et autres. Edifiant... même si ce n'est pas impartial, ni incontestable en tous points.

Q
u’on soit d’accord ou non avec toutes les prises de positions
relatées ici (sociologues, personnalités politiques, "people" etc.) n'est pas l'essentiel : cette lecture nous apprend une série de choses et place notre opinion dans une nouvelle perspective. On ne pourra par exemple plus nier que le sujet alimente beaucoup de nouveaux obscurantismes - tant religieux que scientifiques -, de démagogies politiques, de freins à l'éducation sexuelle (voire sa criminalisation, dans certains pays !), de violences (verbales et physiques), de harcèlement. Il y a tant de marginalisations, de décrochages scolaires, d’addictions et de suicides évitables, simplement par manque d'attention à ces questionnements identitaires.
 

Chronique par Joachim

Bande dessinée parue chez Casterman

* Le risque avec cette couverture n'est-il pas de ne prêcher que des "convertis", alors que le décryptage du débat pourrait intéresser un public large ?