BD / HUMOUR : Anatole(s) / Merci l'Amour, merci la vie! / #lesmémés

F
luide Glacial publie coup sur coup trois BD sur les différents âges de la vie du  citoyen et de la citoyenne lambda de notre "belle" société contemporaine.
Trois livres qui abordent les tracas du quotidien, le rapport aux réseaux sociaux ou encore l'actualité, avec des styles graphiques différents mais tous plus ou moins dépouillés
 
J
ames (aussi connu sous le nom de James de chez Ottoprod, auteur de Dans mon Open Space, entre autres) nous revient avec Anatole(s). Nous avions l’habitude de ses animaux anthropomorphes,  ici on découvre une façon de dessiner les humains... étonnement proche de celle d’un Clarke (le dessinateur de Mélusine, Réalités obliques, Nocturnes, Urielle). 

Dans ce recueil, chaque page correspond à un âge supplémentaire de la vie  de son  personnage fictif. Celui-ci vivra 78 ans, et c'est donc autant de planches (en "gaufrier" de 6 cases) que se compose le livre.
Ce sont autant de petites absurdités et paradoxes de l'existence qui se voient mises en exergue par de simples dialogues amusants, doux-amers, complètement décalés ou cruels. Parfois en tournant le langage en dérision aussi.  Comme Anatole s'adressant aux sollicitations de sa femme comme une messagerie automatique. C'est donc souvent bien vu.
 


D
ans Merci l’Amour, merci la Vie !, Yannick Grossetête procède un peu de la même façon, le côté chronologique en moins mais en grossissant le trait ironique. Les petits riens gentiment ridiculisés côtoient des situations caricaturées de manière plus "politiquement incorrecte" :  l'éducation à un survivalisme ultraviolent ; un cancer feint pour convaincre les enfants de venir à une réunion de famille ; des obscénités dessinées sur une face de bébé par jeu ; les seniors confondus par leurs propres enfants vu la rareté des visites...
 
C'
est, des trois livres, celui dont le dessin est le plus minimaliste, comme conçu pour un blog. Comme une sorte de Bastien Vivès du dessin humoristique,
Yannick Grossetête rend les regards et les bouches le plus souvent absents des visages. Droit à l'essentiel. Efficace... et vite lu. 
 
Mais le livre se présente au format A5, couverture souple et se vend à prix démocratique. Il en est de même pour le suivant :

P
robablement influencé par Bretécher, Pétillon (Jack Palmer) ou encore Larcenet (dans sa veine Le retour à la terre ou Nic Oumouk), Sylvain Frécon lui, s’offre avec #lesmémés un délire sur un 3e âge féminin reimaginé, mêlant observations réelles à l’absurde… 
Il attribue à ses vieilles dames des attributs stéréotypés et plutôt passéistes (le cabas à roulettes, le fichu, la moustache apparente) tout en les rendant modernes dans les sujets qu'elles abordent ou leur  langage. Elles ne sont pas exemptes d'un bannissement de  Facebook pour des posts potaches et aiment se faire des soirées TV en visio pour s'endormir ensemble. 
 
P
arfois complètement à la ramasse, parfois très au fait de l’actualité (#metoo, environnement, violences policières, covid, migrants, …), ces protagonistes fripées abordent évidemment aussi beaucoup leur santé sans inhibition et la mort sans tabou. L’auteur n’évite pas quelques gags pipi-caca en trop, mais globalement on passe un bon moment de lecture, ponctué de sourires amusés et même attendris. 
 
Chronique par Joachim