Editeur : Dargaud
Comme vous le savez peut-être déjà, Jack Palmer, créé en 1974, est un détective
attachant et immédiatement reconnaissable. Ce petit
bonhomme au gros nez, au chapeau mou, bien aimable mais toujours à côté
de la plaque, se voit embarqué dans des enquêtes qui virent systématiquement au
rocambolesque. Mine de rien, ces histoires humoristiques
touchent aussi subtilement à des sujets de société. L'affaire du voile (2006)
osait par exemple aborder la question de l'Islam en France sous un angle
admirable, drôle mais sans moquerie (hormis envers les intégristes).
Citons, parmi ses autres aventures, les mémorables Le Pékinois (1987)
et l'incontournable Enquête Corse (2000), gros succès de
librairie qui a donné lieu à une adaptation cinématographique
(2004), dans laquelle Christian Clavier incarnait très librement notre
anti-héros.
Dans Palmer en Bretagne, l'auteur
s'inspire à nouveau de quelques traits de caractère, spécialités et
éléments de folklore régionaux pour dresser une caricature amusée mais
jamais bien méchante des Bretons. La critique acerbe, il l'adresse ici
plutôt à l'art contemporain.
Madame Pommeraie, une châtelaine quelque peu manipulatrice, invite du
beau monde chez elle, cherchant à redresser la cote d'un tableau dévalué
qu'elle tient en sa possession. Pour y parvenir, elle sait titiller la rivalité infantile qui oppose deux de ses richissimes invités. Ses
plans seront quelque peu contrecarrés par l'insatisfaction manifeste du
personnel qu'elle emploie, par un acte de vandalisme porté à l’œuvre d'art
et par la découverte sur la plage du corps sans vie de Monsieur Bouton,
homme d'affaires qui faisait aussi partie des convives.
Pendant ce temps-là, Palmer, qui avait été engagé comme garde du
corps, observe depuis son rocher, impuissant, coincé par la marée haute.
Pour une fois, il verra juste, mais sans personne pour l'écouter.
Un album qui colle le sourire, qui se laisse lire très agréablement... mais au final un peu court.
Chronique par Joachim Regout