BD : Le Tueur - Affaires d’Etat - T01 : Traitement negatif

La série Le Tueur avait déjà amplement joué les prolongations avant de s’achever sur un 13e tome dont les considérations sociétales, plus noires que jamais, ne laissaient pas sous-entendre un retour du personnage. 

C’est donc avec circonspection que j’ai d’abord découvert le premier tome de ce "sequel", où on retrouve l’infréquentable Denis… en parfait employé administratif, dont le bureau surplombe les docks du Havre. Ce boulot dans les services portuaires est évidemment une couverture et on découvre d'emblée qui l'a enrôlé pour accomplir les "sales besognes" secrètes : la DGSE ! Les missions qui lui seront confiées par l'Etat français ne s’annoncent pas plus gentillettes que ce qu’il a commis par le passé, mais s'avèrent nettement moins bien payées. C’est qu’on ne lui a pas trop donné le choix lorsqu'il fût chopé dans les Andes : c’était ça ou la prison à perpétuité, voire la mise à mort immédiate.


Identifier et éliminer les individus clefs d'un rouage qui dérange, cela semble donc aussi faire partie des plans quand on travaille pour "le bien". Voilà notre anti-héros chargé d’éradiquer un des employés de la municipalité, qui, bénéficiant du soutien et de la protection du maire, verse dans le trafic de drogue et constitue une sempiternelle anguille pour la police et la justice.

Matz et Jacamon, peut-être décontenancés par le manque d’engouement du grand public pour d’autres de leurs récentes productions respectives (et ce malgré de bonnes choses, comme, par exemple, Arrêt de jeu), relancent la recette qui fît le succès de la saga du Tueur jusqu’ici : réflexions lucides et glaciales sur le monde dans lequel on vit (dépressifs s’abstenir), des personnages pourris pour la plupart, des scènes d’action, des scènes érotiques. Aucune prise de risque en somme, mais une construction appliquée qui peut donner envie de suivre ce nouveau cycle d’albums. Ce qui n’est déjà pas si mal… en espérant que le niveau se maintienne et que les bonnes surprises soient multiples.




Chronique par Joachim Regout

Si vous aimez des lectures dans ce registre, 
je vous conseille aussi : 
RG de Peeters et Dragon