Pour
réaliser ce docu-fiction, Frantz Duchazeau s’est basé sur les récits du
texan Alan Lomax (deux livres qui n’ont à ce jour pas été traduits en
français). En 1933, Alan est encore un blanc bec inexpérimenté de 18 ans
mais sacrément ouvert et curieux.
A cette époque, il accompagne son
père John pour enregistrer toutes les musiques folk du sud des
Etats-Unis, y compris les musiques noires… et donc le blues. Le jeune
homme est encore en pleine découverte de sa vocation de sauvegarde du
patrimoine. Grâce à leurs captations sonores des années 1930-’40, on a
pu découvrir Muddy Waters, Leadbelly et tant d’autres, aujourd’hui
connus ou non.
Pendant 50 ans, Alan fera en effet du collectage
musical dans le monde entier, par amour des gens et de ce qui
transparaissait au travers de leurs notes.
Les portraits des deux
protagonistes ne se veulent pas pour autant fidèles à la réalité :
Duchazeau profite de la jeunesse d’Alan - et donc sa malléabilité - et
du peu d’informations dont on dispose sur John pour modeler leur
personnalité à sa guise, créer des psychologies intéressantes dans le
cadre du récit. Il est néanmoins plus que probable que les Lomax
partageaient ces positions sur le racisme et la ségrégation.
L’auteur
prend donc plusieurs libertés, tout en respectant l’esprit général. La
rencontre avec Guitar Slim est, par exemple, purement fictive mais nul
doute qu’elle synthétise le type de bluesmen existants qu’ont pu croiser
les Lomax.
Duchazeau trouve le ton juste pour transposer un témoignage
de manière vivante, colportant à son tour une authenticité vivace.
Chronique par Joachim
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