Auteurs : Yslaire, Bastide & Mezil
Editeurs : Futuropolis/Glénat
Grâce à cette préquelle, qui ouvre la porte sur l’histoire du père de Bernard Sambre, la saga principale se voit renforcée et complétée. Déjà, la guerre des yeux étend son territoire, semant passions et perditions sur son passage.
Nous sommes à l’heure de la révolution belge. Hugo Sambre, seul fils parmi les cinq enfants de Constance et Maxime-Augustin Sambre, est happé dans un mariage de convenance avec la belle Blanche Dessang. Héritant d’une mine belge en guise de dot, Hugo quitte la résidence familiale du Sud français, s’éloigne très vite de la femme peu aimée, du père débauché, des sœurs et d’une mère intransigeante. Peu aguerri au monde ouvrier et au métier de gestionnaire, Hugo s’intéresse difficilement à ses affaires, jusqu’à ce qu’un accident dans la mine mette au jour des restes archéologiques hors du commun, dont un crâne au regard rouge qui éveillera sa passion pour la science et la mythologie religieuse.
Accompagné de son contremaître, l’énigmatique vicaire Horace Saintange, Hugo entame une enquête sur les origines d’une race persécutée, une race aux yeux rouges qui serait parvenue à traverser les âges pour accomplir sa vengeance. Au cours de ses recherches, son chemin croise celui d’Iris, actrice et courtisane, au regard incandescent. Rouge. Il voit en elle la réincarnation d’une déesse ancestrale qui serait la clef de ses plus folles théories. Bousculé entre son sens du devoir filial, conjugal, le mystère autour du premier mariage de son père et le besoin absolu de mener son étude jusqu’au bout, Hugo commencera très vite à subir les conséquences de cette incroyable guerre des yeux qui a débuté bien avant sa naissance…
Confiant le dessin à Bastide et la mise en couleur à Mezil, Yslaire donne au graphisme de La Guerre des Sambre une tournure plus classique que son propre trait, tout en gardant l’originalité de tons rouges et bruns qui créent cette atmosphère si particulière aux livres de Sambre*. L’histoire de ces trois tomes se lit avec beaucoup de plaisir, offrant un scénario bien ficelé et apportant un nouveau regard sur l’intrigue première autour de Bernard et Julie (notamment sur le fameux vicaire). Pas de faute de goût, juste un ensemble plus convenu que la saga d’origine. De très belles mises en page, d’intenses lumières, qui portent ce récit où se nichent en permanence la tragédie, l’équilibre fragile des consciences, les secrets de famille, la peur, la culpabilité et les tiraillements amoureux.
Un beau cycle.
Chronique par Virginie
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