Editeur : Glénat
Après sa condamnation injuste et son calvaire au bagne, Julie Saintange se fait transférer avec d’autres prisonnières vers Cayenne. Le navire, pris dans une tempête, fait naufrage près des côtes irlandaises… et l’héroïne est une nouvelle fois miraculée, seule survivante de cette catastrophe.
Echouée sur les rochers d’un phare perdu en mer, Julie est ramenée à la vie grâce aux bons soins d’un des deux gardiens de la tour, Adam Scott Shagreen, un médecin particulièrement attentionné à son égard. D’abord farouche et méfiante, elle réalisera la réelle bonté d’âme de son sauveur, un être que la vie a également écorché. L’autre gardien du phare voit par contre d’un moins bon œil le fait de cacher une clandestine. Lors d’une escapade à terre, il éventera ce secret trop lourd à porter dans la discrétion d’un confessionnal. Parallèlement, l’inspecteur de police Guizot se dirige vers la plage où se trouve à présent l’épave du bateau. Désireux de s’assurer de la mort de Julie, il lancera un avis de recherche auprès des villageois.
Cet album est donc axé sur la période de convalescence de Julie, d’une part torturée par les pensées pour son fils qu'on lui a arraché et de l’autre par le fantôme de Bernard Sambre, son ancien amant à qui elle avait promis de partager la mort. L’allusion au purgatoire du titre correspond donc non seulement bien à l'atmosphère et aux états d'âmes désespérés de la protagoniste, mais désigne également, en jargon maritime, un espace entre terre (surnommée "paradis") et mer (surnommée "enfer") comme celui où elle se retrouve temporairement cloîtrée.
Difficile d’émettre un avis sur un cycle en cours, d’autant plus que le temps de parution entre chaque épisode est si long qu’il suscite inévitablement de très grandes attentes… et qu’on ne peut qu’être un chouïa frustré en refermant ce tome de transition introspectif.
L’auteur sait faire durer le suspense en trouvant de nouveaux rebondissements malheureux qui s’abattent sur ses personnages, surtout en fins d’albums. Parfois, le manque total d’éclaircie dans leur vie devient un peu pesant. Espérons que la saga familiale romantique ne s’enlise pas en s’éternisant de manière invariablement et rocambolesquement sombre.
Par rapport au premier cycle de Sambre*, le dessin s’est affiné, plus proche de la belle esquisse, avec des interventions informatiques pour les couleurs et les créations d’atmosphères. Des planches toujours aussi plaisantes à lire.
Chronique collective de la rédaction Asteline
P.S. : A noter que les ramifications généalogiques des Sambre font aussi l’objet d’une série parallèle, multi-cycles et multi-dessinateurs, intitulée La Guerre des Sambre*, qu’Yslaire justifie en citant Freud : "Nous postulons l’existence d’une âme collective et la possibilité qu’un sentiment se transmettrait de génération en génération, se rattachant à une faute dont les hommes n’ont plus conscience ou le moindre souvenir."
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