Editeur : Dargaud
C’est qu’on a du mal à le suivre, le prolifique Manu Larcenet aux multiples productions annuelles. Mais si cet auteur, avec la notoriété qu’il a, peut se permettre quelques fausses notes et délires hermétiques, il sait qu’avec Le combat ordinaire - série ayant conquis un large public et rafflé les honneurs (dont celui de meilleur album lors de l'édition 2004 du Festival d'Angoulême) - il n'a pas droit à l'erreur.
Rien ne semble pourtant perturber la spontanéité et la sincérité de Larcenet dans ce qu’il raconte et dessine. Le deuxième volume, Les quantités négligeables, était selon moi déjà à élever au rang des BD les plus touchantes de ces dernières années. Alternant avec un équilibre déconcertant les moments franchement drôles et la gravité existentielle du propos, Le combat ordinaire nous bouleverse une nouvelle fois avec ce troisième tome. L’avant-dernier.
Photographe en attente de voir paraître son premier livre, le personnage principal, Marco, est avant tout un homme attachant : tantôt un peu crétin (comme nous tous), tantôt témoin de la complexité de l’âme humaine. Et quand l’envie d’enfant de sa compagne coïncide avec le suicide de son père, il se retrouve lui-même happé dans un tourbillon de douloureux tiraillements sur ce que représentent la paternité, le début et la fin de la vie. Comment son père a-t-il pu écrire dans un carnet intime "1er août 2004, des souris ont fait leur nid sous le perron, six petits" et se flinguer le lendemain ? Comment peut-on oser faire un enfant ?
Chronique par Joachim Regout
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