Ancien critique gastronomique et éternel obèse sans amour-propre, Polza ne supporte pas la vue de son père mourant (thème déjà abordé dans Le Combat Ordinaire*) et fuit la vie sociétale. Le voilà clochard errant dans les bois, renouant avec la nature, abreuvé d’alcool et en quête obsessionnelle de « blasts », ces états de transe (et de clairvoyance existentielle ?) qui semblent survenir de manière imprévisible. Dans notre monde surpeuplé, difficile toutefois de ne pas se heurter inévitablement (redondant) à la notion de propriété privée et à la présence de ses pairs… fussent-ils aussi peu recommandables que "Saint-Jacky", dealer violent derrière des airs de papy fauché, avec lequel va se nouer un étrange lien.
Après un premier volume époustouflant, le second enfonce le clou. "Enfonce" dans tous les sens du terme d’ailleurs, car Manu Larcenet emmène son lecteur encore plus loin dans la sombre déchéance de son adipeux personnage. Mieux vaut avoir le moral bien accroché pour entamer la lecture de cet album qu’on referme aussi impressionné qu’imprégné de noirceur sans résolution. Après plus de 400 pages, on est toujours dans l’incertitude quant à l’acte criminel qui vaut l’incarcération du protagoniste. L’auteur estime que son sujet lui prendra quatre (voire cinq) tomes… Il faudra s’armer de patience avant de pouvoir se faire une opinion sur le scénario, qui prend le temps pour s’installer, mais l’aspect psychologique, les dialogues, la narration sont irréprochables.
Après un premier volume époustouflant, le second enfonce le clou. "Enfonce" dans tous les sens du terme d’ailleurs, car Manu Larcenet emmène son lecteur encore plus loin dans la sombre déchéance de son adipeux personnage. Mieux vaut avoir le moral bien accroché pour entamer la lecture de cet album qu’on referme aussi impressionné qu’imprégné de noirceur sans résolution. Après plus de 400 pages, on est toujours dans l’incertitude quant à l’acte criminel qui vaut l’incarcération du protagoniste. L’auteur estime que son sujet lui prendra quatre (voire cinq) tomes… Il faudra s’armer de patience avant de pouvoir se faire une opinion sur le scénario, qui prend le temps pour s’installer, mais l’aspect psychologique, les dialogues, la narration sont irréprochables.
Les planches muettes, majoritairement traitées en noir et blanc, sont subtiles et très fortes, frôlant parfois même l’abstraction pour évoquer la puissance des sensations. Afin de représenter l’état d’extase que Polza convoite, le dessinateur a eu la bonne idée d’incorporer à son graphisme en valeurs de gris les dessins en couleur de ses enfants en bas âge. Ce flirt avec le non-figuratif m’a évoqué certaines bandes dessinées alternatives de Pierre Duba (à découvrir - lire notre chronique ici), toutes proportions gardées bien entendu, Larcenet restant un artiste plus accessible au grand public.
Blast est une des séries du moment. Les tomes suivants nous diront si elle comptera durablement.
Blast est une des séries du moment. Les tomes suivants nous diront si elle comptera durablement.
Après les quatre incontournables Combat Ordinaire*, la tendresse bucolique des Retour à la terre ou les très drôles mésaventures de Nic Oumouk*, les lecteurs de Larcenet ont tout lieu de faire confiance à cet auteur brillant dans plusieurs registres.
Chronique par Joachim Regout
* Lisez toutes nos chroniques à propos de BD de Larcenet :