Auteur : Paul Auster
Editeur : Actes Sud
Les nuits d’insomnie n’ont pas peur de mourir. De se liquéfier dans les histoires qu’on se raconte pour oublier ce sommeil qui ne vient pas. Elles s’imposent, ces nuits blanches, dans le grand désert noir d’August Brill. Dans le silence et la solitude de sa chambre, il s’invente un monde parallèle, un monde identique et pourtant différent, où les douleurs existent toujours mais ne sont pas les siennes… Pas de 11 Septembre mais une nouvelle guerre civile aux Etats-Unis. Pas d’Irak, pas de combat contre le terrorisme. La peur de l’Autre ne dépasse plus les frontières.
Et pourtant, la nuit avance, et les histoires se rejoignent. Les angoisses se recoupent et les souvenirs resurgissent, plus pernicieux et blessants, toujours. Rendu invalide et dépendant par un accident de voiture, Brill vit avec sa fille, Myriam, qui ne surmonte pas l’échec de son mariage, et sa petite-fille Katya, dont l’ex-petit-ami est mort en Irak et qui tire de cette tragédie toute la culpabilité qu’elle peut tirer. Il vit aussi avec le fantôme de Sonia, sa femme, et celui de sa propre vie, avec ses dérapages et ses erreurs nombreuses. Avec l’envie de se fuir sans y parvenir.
Auster signe ici un roman que je qualifierais d’intermédiaire, de passage obligé dans l’évolution de ses réflexions sur le hasard, sur les « interférences » et les liens entre la fiction et la réalité, tout en se mettant davantage de limites que dans d’autres de ses récits. Moins audacieux, plus ancré dans la tragédie personnelle et celle, universelle, qui bouleverse l’Histoire, il nous montre néanmoins que l’origine de la création et de la créativité romanesques survient par des sentiers parfois insolites et souvent multiples.
Un thème prometteur et, pourtant, on aurait aimé que l’aventure soit poussée plus loin encore. Plus loin, non dans le drame, mais dans le cheminement de l’auto-expérimentation de Paul Auster qui noue des relations interpersonnelles entre lui-même et ces vies inventées, vies s’appropriant elles aussi le pouvoir de la création. Plus loin, aussi, les liens entre le récit « fruit d’insomnie » et la vie de cet August Brill qui voit sa fin venir mais, on le sent, voudrait aussi pouvoir la réinventer.
Il y a toujours des « un peu moins » et des « un peu plus ». Seul dans le noir fait pour moi partie de la première catégorie, tout en sonnant juste, comme souvent le font les romans de Paul Auster.
Editeur : Actes Sud
Les nuits d’insomnie n’ont pas peur de mourir. De se liquéfier dans les histoires qu’on se raconte pour oublier ce sommeil qui ne vient pas. Elles s’imposent, ces nuits blanches, dans le grand désert noir d’August Brill. Dans le silence et la solitude de sa chambre, il s’invente un monde parallèle, un monde identique et pourtant différent, où les douleurs existent toujours mais ne sont pas les siennes… Pas de 11 Septembre mais une nouvelle guerre civile aux Etats-Unis. Pas d’Irak, pas de combat contre le terrorisme. La peur de l’Autre ne dépasse plus les frontières.
Et pourtant, la nuit avance, et les histoires se rejoignent. Les angoisses se recoupent et les souvenirs resurgissent, plus pernicieux et blessants, toujours. Rendu invalide et dépendant par un accident de voiture, Brill vit avec sa fille, Myriam, qui ne surmonte pas l’échec de son mariage, et sa petite-fille Katya, dont l’ex-petit-ami est mort en Irak et qui tire de cette tragédie toute la culpabilité qu’elle peut tirer. Il vit aussi avec le fantôme de Sonia, sa femme, et celui de sa propre vie, avec ses dérapages et ses erreurs nombreuses. Avec l’envie de se fuir sans y parvenir.
Auster signe ici un roman que je qualifierais d’intermédiaire, de passage obligé dans l’évolution de ses réflexions sur le hasard, sur les « interférences » et les liens entre la fiction et la réalité, tout en se mettant davantage de limites que dans d’autres de ses récits. Moins audacieux, plus ancré dans la tragédie personnelle et celle, universelle, qui bouleverse l’Histoire, il nous montre néanmoins que l’origine de la création et de la créativité romanesques survient par des sentiers parfois insolites et souvent multiples.
Un thème prometteur et, pourtant, on aurait aimé que l’aventure soit poussée plus loin encore. Plus loin, non dans le drame, mais dans le cheminement de l’auto-expérimentation de Paul Auster qui noue des relations interpersonnelles entre lui-même et ces vies inventées, vies s’appropriant elles aussi le pouvoir de la création. Plus loin, aussi, les liens entre le récit « fruit d’insomnie » et la vie de cet August Brill qui voit sa fin venir mais, on le sent, voudrait aussi pouvoir la réinventer.
Il y a toujours des « un peu moins » et des « un peu plus ». Seul dans le noir fait pour moi partie de la première catégorie, tout en sonnant juste, comme souvent le font les romans de Paul Auster.
Chronique par Virginie
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