Auteur : Hubert Selby JrEditeur : 10-18
Il y en a des histoires de violence et de sexe, de peur, d’angoisses, de phobies et d’obsessions. On pourrait dire que Le Démon est un peu tout à la fois et pourtant pas assez…Dans un style narratif qu’on pourrait qualifier de « classique », Selby Jr nous met sous le nez la vie de Harry White, jeune cadre brillant, qui accumule le succès professionnel et les jupons. Sans difficulté (aucune), Harry aligne les conquêtes lors de ses fins de soirée et ses temps de midi, joue avec les femmes, de préférence mariées pour éviter les attentes incompatibles avec la poursuite de son mode de vie. Il les fait languir, les abandonne sur le lit d’une chambre d’hôtel, fantasme sur leurs nichons et leur cul (soyons francs, ces deux mots forment à eux seuls un quart du vocabulaire du bouquin, on aurait espéré un peu plus, niveau linguistique), bref, ça démarre comme ça, entre pulsions et balancements de fesses.
Il faudrait se ranger, maîtriser ces obsessions qui stimulent l’asociabilité et l’agressivité, qui perturbent le travail et… pourtant. Le crescendo inévitable, la folie et la douleur guettent…
Sans aucun doute qu’au cœur des années ‘70, ce roman a dû faire noircir des pages, en bien comme en mal, et il mérite d’avoir donné à l’auteur la possibilité d’aller au fond du sujet des démons intérieurs qui agitent bien des âmes. Ce démon-ci perdant pied dans un coup de colère, dans un majeur tourné vers le ciel.
Mais je regrette l’abondance de clichés, la surabondance même. Le golden boy, la petite femme aimante qui ne couche pas avant le mariage, est compréhensive, fée du logis,... comme quoi, quand il s'agit de trouver un bonheur à briser, sa définition se résume toujours à : fric, femme au foyer qui fait bien l'amour, enfants et grosse maison.
L’écriture faussement obsessionnelle se divise par des longueurs répétées. Je ne nie pas que l'ensemble a ses moments de force mais... j'avoue avoir un peu survolé la fin car je n'ai pas pu dépasser lassitude et crispations.
Chronique par Virginie
