BD : Le Journal - T02 : Fortyniners

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vant de décéder en 2019, Patrice Ordas avait écrit cette saga consacrée au quatrième pouvoir, la presse écrite, et tournant autour de la rivalité entre le Liberty Herald de la famille Prius et le Richmond News des Ellis. Depuis, Philippe Tarral a entrepris d'en retranscrire les péripéties en BD... dont voici le tome 2.

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848, soit presque 50 années plus tard que ce qui nous était raconté
dans le tome 1. Gilbert Prius a succédé à son père Nathan et Philipp Ellis à son grand-père George. De retour d'Angleterre où il vivait jusqu'alors, le jeune patron du le Richmond News met rapidement au pas toute l'équipe du journal, à commencer par Peabody, l'austère rédacteur en chef. Pour stimuler un renouveau de la publication, sa stratégie consistera entre autres à discréditer ses rivaux par tous les moyens, notamment en s'attaquant aux origines mexicaines de l'épouse de Gilbert...

Mais ce n'est pas tout : à l'Ouest, c'est la ruée vers l'or et Philipp envoie une équipe pour s'approprier des concessions, s'enrichir un peu plus et avoir des visées électorales. 
 
Un autre protagoniste, Alexandre, fils de Gilbert Prius, décide de partir lui aussi en Californie pour relater cette migration folle de millions de personnes, avides d'un hypothétique avenir meilleur. Dans un même élan, il envisage d'acheter des terres aurifères pour la famille. Dans son périple, il est accompagné - entre autres - d'une jeune noire qui dessine remarquablement bien.

En ce milieu de XIXe siècle, la révolution industrielle est en marche, de gigantesques rotatives ont fait leur apparition dans le monde de la presse et grâce à des plaques gravées on peut y insérer des illustrations. Mais n'oublions pas que la mise en place de ces changement et du système capitaliste a largement reposé sur l'esclavage et sa main d'œuvre gratuite, sur la colonisation pour l'extorsion de matières premières et une violence des plus forts/riches sur les autres. Philipp Ellis est un esclavagiste violent, quand Alexandre Prius est un moderniste qui s'y oppose. Ces deux visions du monde vont donc s'affronter.

Il serait difficile de ne pas trouver intéressant cet entrelacement de petite et de grande Histoire, et ce tome présente les mêmes qualités et défauts que dans le premier volume: un dessin fouillé mais un peu raide, aux couleurs un peu criardes, ; un récit très charpenté et documenté mais dans lequel il faut parfois s'accrocher pour s'y retrouver. Mais paradoxalement, on attend la suite avec intérêt. C'est donc que Tarral parvient à tirer son épingle du jeu.
 
 Chronique par Reynald Riclet
Bande dessinée parue sous le label Grand Angle des éditions Bamboo.