Redécouverte des Thorgal tomes 14 à 16, commentée par J. VAN HAMME

 

E
n mai 1989 paraît Aaricia qui, comme L'enfant des étoiles, est un album compilatif d'histoires précédemment parues dans le magazine
"Super Tintin" et narrant l'enfance des personnages.
 
"Je voulais développer un peu le personnage d'Aaricia, pour qu'elle ne reste pas simplement une brave ménagère dans l'ombre. Et puis raconter la naissance de leur amour..."
 
S'ensuivront quelques "one-shots" permettant en quelque sorte à Van Hamme de se réconcilier avec l'esprit de sa série : "L'inconvénient des longs cycles est que vous en devenez vite prisonnier. On a finalement moins de liberté d'action, avec toutes les sous-intrigues à résoudre."

E
n octobre 1989 paraît donc une histoire complète qui sera probablement le vrai dernier album majeur de la série :
"Le Maître des montagnes (tome 15) est en effet un autre album très prisé par les fans. Jouer avec le temps, c'est rigolo ! Sans doute avais-je lu une nouvelle ou l'autre traitant du sujet et ça m'aura donné envie de m'y essayer. Evidemment, il fallait éviter les fameux paradoxes temporels et, à dire vrai, je ne suis pas certain d'y être arrivé. Certains trouvaient cela affreusement compliqué..."
 
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nsuite
"dans Louve (un tome 16 de très bonne facture, paru en novembre 1990, ndlr.), nous avons deux histoires qui se croisent : la naissance de Louve et un aventurier qui essaie de contrôler le village. Louve me fait penser que, lorsque vous attribuez un pouvoir à un personnage, il faut vraiment bien calculer son coup. Superman n'est pas très intéressant sans la kryptonite... Jolan a un potentiel immense, mais il le maîtrise mal. Avec Louve, c'était un peu plus simple..."
 
 
Après un tome 17, La Gardienne des Clés (juin 1991), encore attrayant mais au scénario un peu poussif (où deux anciens ennemis de Thorgal s’allient et usurpent son identité pour s’emparer des pouvoirs de la protectrice du Deuxième Monde),  Rosinski et Van Hamme décident malgré tout de se relancer dans une histoire à suite, donnant définitivement l'impression de tirer sur la corde. Le dessin semblera lui aussi progressivement moins investi (jusqu'aux tomes 28 à 33 qui offriront à nouveau quelques vrais plaisirs sur le plan visuel), transformant la suite de cette saga incontournable de la BD en une série B tout juste honorable. Quant aux "spin-off" confiés à d'autres auteurs, ils finiront de déflorer inutilement les mystères de la série.

"Le principe-même de la série est pernicieux, c'est évident ! Autant on est content de voir une série décoller, autant elle devient, au bout d'un certain temps, une sorte d'obligation périodique un peu démotivante. On ne dit pas ça devant un parterre de journalistes en conférence de presse, mais il est clair que c'est nettement moins excitant que de créer quelque chose de neuf." confie le scénariste dans la monographie Van Hamme, itinéraire d'un enfant doué. Il écrira cependant encore les récits des aventures de Thorgal jusqu'au tome 30, passant ensuite la main à d'autres.