Kriss de Valnor fait enlever Jolan et Argun pour obliger Thorgal à
l’accompagner dans une périlleuse expédition. Pour retrouver leur fils,
Thorgal et Aaricia vont devoir traverser l’océan pour découvrir un pays
déchiré par une guerre sans fin.
"Ce tome devait s'appeler Le grand Pays, mais un album éponyme était déjà paru chez Glénat à la même époque (ndlr.: il s'agissait du second tome de la série Balade au bout du monde, de Makyo et Vicomte, paru en 1984). J'ai donc dû trouver Le pays Qâ en quatrième vitesse ! Je ne suis pas fou du titre." précise le scénariste Jean Van Hamme, à propos de cet ouvrage qui, en avril 1986, inaugura une tétralogie composée aussi des Yeux de Tanatloc (octobre 1986), La Cité du Dieu perdu (octobre 1987) et Entre Terre et Lumière (novembre 1988). D'aucuns considèreront cette histoire à suite comme le point culminant de la série Thorgal.
"L'affrontement père/fils y constitue l'arrière-plan, toute personne étant à la recherche de ses origines lorsqu'il ne les connaît pas. Cette saga est donc inscrite dans la logique du personnage. Il en résulte ce choc frontal entre deux mentalités complètement différentes. Le Bien et le Mal sont plus intéressants lorsqu'ils sont liés. Tout ceci était délicat à écrire."
Si le dessin de Grzegorz Rosinski est en plein épanouissement (aussi dans les albums de son autre série, Hans, ainsi que dans Le grand pouvoir du Chninkel) Van Hamme estime quant à lui avoir quelque peu trop cédé à la demande de son associé, qui en avait assez des paysages nordiques. Qui eût cru que l'écrivain derrière ces chefs-d'oeuvres de la BD ressentait de la perplexité en créant cette intrigue, ponctuée de bateaux volants et d'un Yucatan réinventé, qui a émerveillé tant de lecteurs ?
Dans la monographie Van Hamme, itinéraire d'un enfant doué, on le découvre même rétrospectivement très critique sur ce cycle d'albums :
"A la relecture, il arrive bien sûr que l'intrigue ne me paraisse plus très bonne, pas très recherchée. Ce qui est amusant, c'est que cela ne correspond pas forcément à l'avis du public ou des critiques. Par exemple, je n'ai jamais beaucoup aimé dans Thorgal la série des quatre épisodes qui se passent dans ce Yucatan de fantaisie, Le Pays Qâ, etc. C'était à la demande de Rosinski que j'avais envoyé Thorgal en dehors de ses montagnes habituelles. Du coup, je me suis laissé embarquer dans un cycle qui ne me plaisait pas trop.
Et maintenant, je lis des critiques disant des trucs du genre : "Ah, on ne retrouve plus la verve qu'il avait dans ces quatre albums-là." Ce qui prouve que la sensibilité qu'on peut avoir soi-même n'est pas la même que celle des lecteurs qui vous lisent à un autre âge. Là, je suis critique au niveau de l'intrigue, mais je ne pourrais pas dire quelles ont été mes erreurs de construction. Je ne me soucie plus de ce que j'ai pu écrire dans le passé."
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