Que ce soit en
couleur directe dans Borgia (série sur scenar de Jodorowsky) ou en
noir et blanc, au trait, comme c’est le cas dans ces Yeux de Pandora, Manara est décidément en grande forme graphique !
Le
fait de se réassocier avec des écrivains/scénaristes évite au
dessinateur de se complaire dans ses habituels clichés et de se heurter
aux écueils de la facilité. Bon, bien sûr, Manara reste Manara, et il ne
saura probablement jamais s’empêcher de donner au personnage féminin
principal cette habituelle silhouette de mannequin et cette physionomie
sempiternellement déclinée. Il faut s’y faire , c’est sa marque de
fabrique. Pour le reste, cet album n’a, sur le plan du dessin, pas à
rougir aux côtés des plus belles pages de Giuseppe Bergman*.
Vinenzo
Cerami, le scénariste, est, quant à lui, un nom qui n’évoquera sans
doute rien à la plupart des lecteurs francophones : Les yeux de Pandora
est en effet la première bande dessinée signée par ce romancier italien,
à qui l’on doit aussi des pièces de théâtre ou des scenarii de films
(dont La vie est belle de Roberto Benigni).
L’histoire ici est
celle d'une prénommée Pandora, dix-huit ans, fille unique d'une famille
très calme et rangée. La jeune femme est autorisée par son psy à
interrompre sa thérapie, vu que ses étranges crises de fureur ne se sont
plus manifestées depuis quatre ans. Interruption de thérapie qui signe
cependant le début d’une aventure qui la mènera, de force, jusqu’en
Turquie et sur les traces d’un présumé père inconnu.
Ce récit est assez captivant… mais son dénouement est décevant de prévisibilité. Un album pour le plaisir des yeux surtout, donc, si on est amateur du dessin de Manara (sans érotisme torride).
Chronique par Joachim
* Lisez toutes nos chroniques à propos d'ouvrages de Manara :