Paru en 1976 dans les pages d'Alter-Linus, puis dans Charlie Mensuel,
Le Singe est la première BD ambitieuse de Milo Manara, précédant de deux
ans l'inauguration de sa fameuse série Giuseppe Bergman. Le dessinateur
y faisait déjà preuve de virtuosité, d'inventivité, d'un style propre (notamment ce canon féminin qui sera sa marque de fabrique), même si son trait est encore très inspiré par Le Bandard Fou et Arzach de
Moebius, et ses mises en pages éclatées par Philippe Druillet.
Il y
a dans cet album quantité de trouvailles graphiques psychédéliques qui
impressionnent encore aujourd'hui et préfiguraient celles du mangaka Keiichi Koike (Ultra Heaven en 2002, Heaven's
door en 2003), par exemple.
Le récit est une adaptation libre - c'est le moins que l'on puisse
dire - de La pérégrination vers l'Ouest, une légende issue de la
tradition orale chinoise, contant la geste de Sun Wu-k'ung, le singe
magique symbolisant souvent l'opposition du peuple contre l'oppression
et la quête de liberté de l'homme*.
Mais cette référence crédible ne semble qu'un prétexte pour Milo Manara et Silverio Pisu de s'en donner à coeur joie dans un délire éclaté, faisant des références anachroniques ou qui n'ont pas grand rapport avec l'histoire. Surenchère de détails, d'effets, de changements stylistiques et d'un type d'humour qui a mal vieilli... tout cela charge les planches au point de rendre l'ensemble souvent ridicule et rapidement lassant.
Mais cette référence crédible ne semble qu'un prétexte pour Milo Manara et Silverio Pisu de s'en donner à coeur joie dans un délire éclaté, faisant des références anachroniques ou qui n'ont pas grand rapport avec l'histoire. Surenchère de détails, d'effets, de changements stylistiques et d'un type d'humour qui a mal vieilli... tout cela charge les planches au point de rendre l'ensemble souvent ridicule et rapidement lassant.
A tout vouloir tourner en dérision, les deux compères perdent leur spectateur, alors que ce dernier ne demanderait pas mieux que pouvoir
évoluer dans certaines atmosphères sublimes qui sont rendues dans
certaines séquences.
Un roman graphique qui suscite régulièrement l'admiration visuelle mais aussi - c'est bien dommage - une indigestion de lecture.
Chronique collective de la rédaction Asteline
* C'est la mythologie de cet animal qui a aussi inspiré La légende de Songoku à Osamu Tezuka et Dragon Ball à Toriyama.
P.S. : le personnage secondaire ci-dessous ne vous évoque-t-il pas Le Grand Pouvoir du Chninkel, que Rosinski et Van Hamme réaliseront dix ans plus tard ?
Lisez toutes nos chroniques à propos d'ouvrages de Manara :