Auteurs : Ricard et Nicoby
Editeur : Futuropolis
Ce n’est pas d’emblée un sujet très aguicheur et pourtant il serait d’utilité publique que ce genre de BD-reportage soit largement lu, dans les écoles, par des magistrats, des décideurs politiques, des employeurs, des propriétaires immobiliers et finalement tout-un-chacun, car il offre un regard très différent de ce que nous décrivent les médias traditionnels.
Pour dénoncer des conditions de détention abominables et la pénalisation d’ex-taulards "réinsérés" dans la société française, Sylvain Ricard construit ici un récit choquant, criant de vérité, et pour cause car quasiment calqué sur le parcours carcéral réel (de 1980 à 1995) d’un homme condamné pour braquage à main armée. Le scénariste n’en a pas moins de mérite car encore fallait-il rendre la narration suffisamment captivante. Pari réussi, grâce aussi à la clarté et le dynamisme du dessin et des couleurs de Nicoby.
Les auteurs ne diabolisent pas pour autant tout le personnel pénitentiaire et n’angélisent évidemment pas leur protagoniste, qui est conscient des grosses conneries qu’il a commis et de devoir en payer un coût, de prouver une capacité de réinsertion… mais la réalité en prison dépassera complètement ce dur à cuire.
Les statistiques, les constats psychologiques, les témoignages… Tout montre à quel point l’emprisonnement tel qu’il existe aujourd’hui – malgré quelques améliorations depuis les années ’90 (notamment en matière de droit aux soins) - détruit l’individu, le déshumanise, le pousse au suicide ou incite à la récidive, voire à des crimes bien pires. La notion de réinsertion s’avère dans la plupart des cas empreinte d’une hypocrisie totale.
A l’heure actuelle où les prisons débordent et ne font qu’indirectement nourrir des phénomènes de violence, il est urgent de se poser des questions sur de vraies solutions constructives, dans l’intérêt des détenus… et des citoyens !
Cet ouvrage bouleversant est réalisé avec la collaboration de l’Association "Ban Public" (http:///banpublic.org) qui a pour but de favoriser la communication sur les problématiques de l’incarcération et d’aider à la réinsertion.
Chronique par Jean Alinea
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