Editeur : Gallimard
Gallimard propose souvent des livres didactiques originaux (cf. les superbes encyclopédies Oh !). Un Tothème présentant la BD aux plus jeunes, en une soixantaine de pages, ne pouvait donc que titiller ma curiosité.
A la lecture, on découvre cependant un grand fourre-tout d'informations abordées en superficie (inévitablement), mais comportant aussi plusieurs oublis impardonnables, des poncifs erronés (ex. : "Un art sans frontières") ou des recommandations de "BD indispensables" très discutables et peu argumentées. Quant aux étapes de réalisation d’une histoire, elles ne seront évoquées que succinctement en fin d’ouvrage.
Le sujet d’actualité qu’est la BD numérique ne fait ici l’objet que d’une page aux propos convenus, agrémentée d’une grande photo bouche-trou d’iPad. Pas un mot sur les nombreuses controverses liées aux supports technologiques.
Et puis depuis quand la série polar Blacksad, aux scenarii clairement adultes, est-elle une série à lire dès 12 ans ? L’auteur l’a-t-il lue ?
Esthétiquement, les onomatopées détourées, les photos d'objets dérivés ou certains montages du graphiste ne sont pas du meilleur goût.
Esthétiquement, les onomatopées détourées, les photos d'objets dérivés ou certains montages du graphiste ne sont pas du meilleur goût.
Ce Tothème comporte heureusement des passages valables, mais on ne peut, au final, qu’être déçus par ce survol des approches historique, biographique, économique et créative ; ou ces grands écarts entre images, par exemple, d’une statuette de Hulk, du manga One Piece, d’un Philémon poétique ou de Persépolis.
L’essence de la bande dessinée est ailleurs. Pour aborder le thème du langage et de la fabrication d’une bande dessinée, Lewis Trondheim et Sergio Garcia s’y étaient pris brillamment en développant leur parcours didactique en planches (cf. notre chronique des deux ouvrages parus chez Delcourt).
Pour les aspects historique et encyclopédique, on se réfèrera plus volontiers au Dictionnaire Mondial de la BD de Patrick Gaumer.