Auteur : Patrick Gaumer
Editeur : Larousse
Même imparfait, Le Dictionnaire Mondial de la BD s’est imposé au fil des éditions comme ouvrage de référence pour les amateurs du 9e Art, qu’ils soient professionnels, collectionneurs ou simples curieux, qu’ils apprécient les strips humoristiques ou les romans graphiques plus ambitieux.
Comme tout dictionnaire, l’outil se veut pratique, permettant d’effectuer sa recherche par nom d’auteur, de personnage, de série, de revue, de genre ou d’éditeur. Par rapport à la version de 1998 (que j’avais en ma possession), exit la jaquette de couverture pas pratique et fragile. Le format est aussi un peu moins haut, donc plus facile à ranger. Les multiples petits cahiers couleur, retraçant chacun une période d’évolution de la bande dessinée, ont fait place à un seul, plus épais, scindé par contrée (Belgique francophone, Flandre et Pays-Bas, France, Etats-Unis, mais aussi Mexique, Afrique, Australie…). Ainsi, le lecteur de manga pourra se reporter directement aux chapitres consacrés au Japon et poursuivre avec la Chine (manhua) ou la Corée du Sud (manwha).
Toutefois, il reste des bémols. Si certaines omissions et erreurs ont été corrigées au fil des éditions, il en reste (exemple : Lorenzo Mattotti n’a jamais signé de livre intitulé L’arbre du pendu mais bien L’arbre du penseur). D’autre part, c'est la subjectivité de Patrick Gaumer qui, dans un recueil encyclopédique, est quelque peu dérangeante. Par exemple l’introduction de jeunes auteurs aux côtés de personnalités historiques : si Julie Doucet ou Marc Pichelin sont bien des figures représentatives de la bande dessinée alternative depuis de nombreuses années, l’entrée de Bastien Vivès, Lisa Mandel ou Ludovic Debeurme parmi les essentiels me semble quelque peu prématuré malgré leurs indéniables qualités. D’autant que d'autres noms tout aussi méritants (voire plus), tels le scénariste Hubert, les dessinateurs Hervé Tanquerelle, Brüno, Jorge Gonzáles, Pierre Duba, Ted Naifeh... ne bénéficient pas de cette mise en évidence de leur travail. Même pour trouver des informations sur le géant Dave McKean, il m'a fallu avoir recours à l'index... pour être renvoyé à un encart bien chiche.
Au rayon des éditeurs, il est curieux d’en voir répertoriés certains et de constater l’absence d’autres, pourtant largement reconnus aujourd’hui (L’Association, Delcourt).
Bien sûr, j’applaudis le travail titanesque que représente la réalisation de cette brique, mais j’espère une future édition plus complète encore et un brin plus objective, donc collective.
Chronique par Jean Alinea