Editeur : Luce Wilquin
Elle a abandonné sa chevelure argentée, sa vie couleur platine, son image sans reflet. Elle a abandonné l’Autre, la déesse de l’écran. La femme apprêtée, le physique tendre et moelleux d’un sex-symbol.
Au prix d’un cahier rouge et d’une demi-vie, elle se cache. Elle revit, elle est Norma. La prêtresse ? Chaste et seule, elle se livre. Et se délivre du mythe. Enfin.
Norma Jean Baker a tué Marilyn Monroe.
Rythmée de phrases brèves, de souvenirs courts et parfois brutaux d’une fausse existence gâchée par le seul vide qui lui était laissé, Norma raconte. Un jeu d’identités dont il ne sort qu’une gagnante, ou peut-être même aucune ?
Tout le temps, la Norma de Bellini en tête, elle qui si souvent déjà m’a faite frissonner dans ses paroxysmes de beauté. Tout le temps Casta Diva. Les deux Norma sont amies, sont jumelles et unies dans le roman de Daniel Charneux. Elles vieillissent ensemble, mortelles et éternelles. Solitaires.
Que se serait-il passé si... Marilyn était toujours en vie, quelque part ? Qui serait-elle, qui ne serait-elle pas ? De cliché en cliché, la vie d’avant est revue et non corrigée. Les manques, les ratés, le vinyle rayé de la vie, les absences. Avec émotion et douceur, l’auteur rend un pudique hommage à la femme derrière la légende et c’en est terriblement touchant. Les mots aident, les phrases sont courtes, coupées d’instants, hachées de sons, de Musique, d’images, comme l’est la mémoire.
"Aujourd’hui, vieille et pacifiée, je m’accepte. J’accepte de n’être plus personne."
L’amour des mots, il est là. Pour transcender la tendresse envers cette Norma qui s’écrit et se dit. Qui nous ramène maternellement à nous. Et qui, à la fin du roman, nous manque…
Norma viene…
Chronique par Virginie
Lisez aussi notre ENTRETIEN avec Daniel Charneux,
ainsi que nos chroniques à propos d'autres de ses romans :
- Maman Jeanne.