Auteur : Daniel Charneux
Editeur : Luce Wilquin
On se demande, souvent, ce que c’est d’être mère. Ce que c’est, l’enfant en soi. Ce que c’est, l’enfant à porter au fil des années, dans une vie qui parfois nous échappe. Jeanne, à l’aube du XXe siècle, ne le sait pas non plus, pas toujours. Veuve trop jeune, trop pauvre, elle doit confier ses enfants à une famille qui la soutiendra peu. Enchaînant les emplois laborieux, peu rémunérateurs, elle garde la foi en quelque chose. Sa naïveté douce, peut-être.
Et puis viennent ses trente-deux ans et la naissance de Marguerite. L’enfant née d’une relation presque vraie avec le prêtre pour qui elle travaille. Malgré les différences, les interdits, malgré les inégalités, Jeanne y croit peut-être encore. Elle égrène ses moments de foi intense en la vie, en l’espoir.
Jeanne pour qui le mot « Maman » est éloigné comme une constellation, pour qui attendre, survivre, n’a de sens que parce qu’il y a l’idée, lointaine, d’un retour à la cohésion familiale.
Un roman court pour une vie double, une vie constamment greffée au questionnement sur la maternité, sur le rôle de la femme. Oui, qu’est-ce que ça veut dire, être mère ? Jusqu’où cela peut-il pousser, jusqu’où cela peut-il nous éloigner ?
Maman Jeanne, c’est un chemin de croix, une voie escarpée en quête d’un Salut tant espéré. C’est surtout une route, qu'on espèrerait inévitable, vers la folie. Mais une route aimante, intègre. De souffrances en désillusions, Jeanne sera, au fond d’elle, l’amour. Un amour sans miroir, sans écho, lâché dans l’espace vide et destiné à un être qui ne pourra même pas savoir que cet amour existe.
Maman Jeanne, c’est un peu du Zola. C’est un regard bienveillant sur une femme touchante dont la seule échappatoire est la déconnexion avec un monde qui la maltraite, renouvelant sans cesse ses moyens pour l’éprouver. Plus, chaque fois un peu plus.
Daniel Charneux cisèle sa structure, enchaînant les brièvetés, dans la fluidité pourtant simple d’une femme qui s’écrit. On sent l’attachement de l’auteur à son personnage, on sent le thème sensible. Après avoir donné son regard à deux personnages célèbres (Marilyn Monroe dans Norma, Roman* et le poète Ryokan dans Nuage et Eau*), Daniel Charneux en revient à la singularité de l’inconnu, à tout son potentiel unique et exceptionnel.
J’aurais aimé m’attarder, prolonger. Mais le roman, comme lorsque la vie est courte, s’arrête à la page 82.
Me reste un sentiment ému, à peine terni par une impression d’une petite chose qui manque, difficile à déterminer. Me reste une lecture sensible, poétique et vraie, un regard retenu mais tendre.
Editeur : Luce Wilquin
On se demande, souvent, ce que c’est d’être mère. Ce que c’est, l’enfant en soi. Ce que c’est, l’enfant à porter au fil des années, dans une vie qui parfois nous échappe. Jeanne, à l’aube du XXe siècle, ne le sait pas non plus, pas toujours. Veuve trop jeune, trop pauvre, elle doit confier ses enfants à une famille qui la soutiendra peu. Enchaînant les emplois laborieux, peu rémunérateurs, elle garde la foi en quelque chose. Sa naïveté douce, peut-être.
Et puis viennent ses trente-deux ans et la naissance de Marguerite. L’enfant née d’une relation presque vraie avec le prêtre pour qui elle travaille. Malgré les différences, les interdits, malgré les inégalités, Jeanne y croit peut-être encore. Elle égrène ses moments de foi intense en la vie, en l’espoir.
Jeanne pour qui le mot « Maman » est éloigné comme une constellation, pour qui attendre, survivre, n’a de sens que parce qu’il y a l’idée, lointaine, d’un retour à la cohésion familiale.
Un roman court pour une vie double, une vie constamment greffée au questionnement sur la maternité, sur le rôle de la femme. Oui, qu’est-ce que ça veut dire, être mère ? Jusqu’où cela peut-il pousser, jusqu’où cela peut-il nous éloigner ?
Maman Jeanne, c’est un chemin de croix, une voie escarpée en quête d’un Salut tant espéré. C’est surtout une route, qu'on espèrerait inévitable, vers la folie. Mais une route aimante, intègre. De souffrances en désillusions, Jeanne sera, au fond d’elle, l’amour. Un amour sans miroir, sans écho, lâché dans l’espace vide et destiné à un être qui ne pourra même pas savoir que cet amour existe.
Maman Jeanne, c’est un peu du Zola. C’est un regard bienveillant sur une femme touchante dont la seule échappatoire est la déconnexion avec un monde qui la maltraite, renouvelant sans cesse ses moyens pour l’éprouver. Plus, chaque fois un peu plus.
Daniel Charneux cisèle sa structure, enchaînant les brièvetés, dans la fluidité pourtant simple d’une femme qui s’écrit. On sent l’attachement de l’auteur à son personnage, on sent le thème sensible. Après avoir donné son regard à deux personnages célèbres (Marilyn Monroe dans Norma, Roman* et le poète Ryokan dans Nuage et Eau*), Daniel Charneux en revient à la singularité de l’inconnu, à tout son potentiel unique et exceptionnel.
J’aurais aimé m’attarder, prolonger. Mais le roman, comme lorsque la vie est courte, s’arrête à la page 82.
Me reste un sentiment ému, à peine terni par une impression d’une petite chose qui manque, difficile à déterminer. Me reste une lecture sensible, poétique et vraie, un regard retenu mais tendre.
Chronique par Virginie
* Lisez aussi notre ENTRETIEN avec Daniel Charneux,
ainsi que nos chroniques à propos d'autres de ses romans :
- Comme un roman-fleuve