Avis aux esthètes : avec ce mélange de textes et dessins tantôt très enfantins, tantôt frisant l'image abstraite et le questionnement existentiel, Sabine est un livre inclassable, un conte composé de petites étapes initiatiques dans le périple des protagonistes.
Trois jeunes gens décident de quitter leur village, suite à la mort de leur doyenne, "Grand-Mère l'Autre". Pour rejoindre la ville de Sabine, dont ils ne connaissent rien, ils bravent fleuves, forêts et désert. Sur le chemin, des rencontres d’enfants en exil les guideront jusqu’à leur destination.
D'origine africaine et ayant déjà effectué plusieurs voyages marquants dans des contrées ayant une histoire tragique récente, tels le Cambodge ou le Burundi, Maya Mihindou est bien placée pour aborder le thème du déracinement. Il y a du fond dans ses métaphores, ses personnages écorchés-vifs et ses textes poétiques. Des longueurs aussi, malheureusement.
Graphiquement, j'ai beaucoup pensé à certains artistes japonais tels que Aquirax Uno ou Aya Takano (cf. notre chronique à propos du manga alternatif Spaceship EE). Des références dont la jeune franco-gabonaise Maya Mihindou ne se cache pas, et auxquelles elle rajouterait des noms comme ceux de Frida Kahlo, Moebius, Taiyou Matsumoto, Takato Yamamoto, Ueda Fuko, ou la BD Jolies Ténèbres de Vehlmann et Kerascoët. Une diversité d'influences visuelles savamment digérée, personnalisée et qui, tout au long de ce premier livre, fait déjà forte impression !
Une petite révélation, même s'il reste encore à l'auteure à trouver un équilibre narratif.
Une petite révélation, même s'il reste encore à l'auteure à trouver un équilibre narratif.
Chronique par Jean Alinea