Après une longue période dans l’univers du jeu vidéo, Benoît Sokal renoue avec la bande dessinée en réalisant Kraa (et son premier tome La vallée perdue), une histoire de vengeance plantée dans un décor sauvage aux allures de Grand Nord.
Cette histoire, c’est celle de Yuma, un enfant indien dont le monde a été précipité dans l’horreur par la cupidité humaine. Il est toujours lui-même et à la fois différent, décalé à jamais, chassé de ses rêves de la façon la plus abominable qui soit.
Et d’en haut, tout en haut, il y a la vision de Kraa, un aigle majestueux aux instincts sans concession : trouver sa proie, la tuer.
Et conserver la souveraineté de son territoire.
Et conserver la souveraineté de son territoire.
Entre Yuma et Kraa, un lien mystique et fraternel, qui semble au-delà du conscient.
On retrouve ici l’attrait de l’auteur pour la Nature, dans toute sa splendide froideur, dans tout ce qu’elle offre de pur et de cruel. Pour l’illustrer, de magnifiques planches et une atmosphère rendue avec beaucoup d’efficacité. On est dans un univers rude, brutal, mais avec, aussi, ce qu’il comporte de poésie et de fascination.
A priori, cette histoire de vengeance ne se démarque pour autant pas de ce qui a déjà été fait. Famille décimée par des rustres sans scrupules motivés par l’appât du gain, minorité ethnique victime de l’évolution industrielle,… Ce n’est pas par ces points que le récit apporte quelque chose de neuf. Et malgré une belle idée, ce n’est pas forcément non plus dans le regard sans affect, instinctif de l’aigle, car le ton employé garde parfois un côté un peu trop explicatif qui alourdit la lecture.
Mais… il n’empêche que le décor est planté et qu’on est incontestablement dans un beau récit d’aventure, porté par des valeurs, un imaginaire essentiel, balançant entre paradis perdu et, quelque part, un filet d’espoir.
En espérant que la suite nous apportera un beau crescendo…
Chronique par Virginie
Lisez aussi nos autres articles à propos de Sokal et ses productions :