BD : L'Amourir

Auteurs : Ozanam et Tentacle Eye
Editeur : KSTR


Wirde, si c'est son vrai nom, est de retour à Bär-Lein. La cité est toujours aux mains du Parti, tout autant que l'appareil de l'Etat. Les règles en vigueur lui attribuent d'office un logement, qu'il devra partager avec l'autre locataire : Lillie, une effeuilleuse officiant au cabaret "Benjamanta".
Mais les temps sont durs et peu propices aux amours naissantes. Ils peuvent faire basculer les existences à tout moment.
Pour Wirde et Lillie, la cassure se produit lorsqu'ils sauvent un vieillard qui ne pouvait faire la preuve de ses revenus et était donc destiné à mourir suivant les règles édictées par le Parti.
C'est alors le passage dans la clandestinité et les sous-sols de la ville, où se concentre la Résistance. L'un et l'autre lui apportent son énergie, au risque de voir disparaître à jamais le lien qui les unissait.

Ozanam tisse un récit qui fait penser à beaucoup d'autres. Mais le traitement de Tentacle Eye en est tellement particulier que ce qui n'aurait pu être qu'une énième dystopie vire à l'expérience pour le lecteur :

L'histoire est racontée par des aller-retours constants entre passé et présent. La voix-off est abondamment utilisée. Les rares paroles d'amour échangées se réduisent à quelques bandes télégraphiques rouge-sang déchirant les cases de leur urgence. Finalement, le dessin s'appuie sur des teintes très sombres qui rendent le discernement particulièrement difficile.
Ces choix, qui auraient pu détruire toute compréhension, décuplent l'ambiance de fin du monde et accroissent le contraste avec le dessin de Tentacle Eye, d'une finesse exceptionnelle.
Et on finirait par croire, comme les auteurs, qu'un simple amour méritait d'être sauvé, encore plus que la civilisation sur laquelle il avait tenté d'éclore.


Chronique par Yves


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