BD : Fugitifs sur Terra II - tome 1

Auteurs : Cric & Verron
Editeur : Dargaud



278 ans après le début de la colonisation de Terra II, un coup d’état renverse la dynastie régnante. Bakou, orang-outang génétiquement modifié, mi-arme fatale mi-nounou, parvient à évacuer la princesse, mais leur appareil est abattu. Un garçon de ferme qui a assisté au crash et une fille de cuisine embarquée clandestinement se joignent à eux. Le singe et les trois ados sont en fuite…

Cette nouvelle série de Cric et Verron s’inscrit clairement dans la tradition des space-operas des années '50. Il n’y a rien à redire sur le dessin de Verron (Odilon Verjus*), qui s’inscrit dans la solide tradition des "gros nez" semi-réalistes chère aux éditions Dupuis.

Par contre, le scénario de Cric laisse un peu à désirer côté originalité. Ce qu’il nous propose n’est somme toute que la transposition futuro-spatiale d’un classique récit de cape et d’épée, avec un super-orang-outang dans le rôle du preux chevalier sauveur de jeunes filles promises à la couronne. Et qu’est-ce que c’est que cette manie de peupler les espaces futurs de princesses ? De Flash Gordon à Star Wars, le space-opera en est rempli. Il faut croire que la démocratie n’est pas appelée à survivre bien longtemps…

Le récit est sympathique mais pèche par un excès de simplisme accentué par une mise en page trop aérée : avec cinq cases par pages, parfois une seule, l’album (44 pages) est lu en dix minutes, et on a le sentiment frustrant de n’avoir eu droit qu’à un apéritif sans grande consistance.

Il faut dire aussi que les productions récentes en matière de BD de SF "enfantines" nous ont habitués à tellement plus pétillant, humoristique, délirant et/ou profond – des oeuvres qui, comme les productions Pixar au cinéma, comme certains inoxydables classiques de la BD, procurent autant de plaisir aux enfants qu’à leurs parents. Je pense par exemple au très bon Seuls de Vehlmann et Gazzotti, aux savoureux Cosmonautes du futur de Trondheim et Larcenet, et surtout à les incontournables Aventures de Jules d’Emile Bravo.

Chronique par Geoffroy d'Ursel