Appoline, disparue il y a 8 ans…

Auteurs : Morvan & TBC
Editeur : Casterman


Je ne sais pas quelle mouche a piqué Jean-David Morvan pour qu’il ait l’idée du scénario. Les histoires de kidnappings enfantins, viols etc. se retrouvent rarement en bandes dessinées, et s’attaquer au genre requiert une dose certaine de culot.

A la lecture, je n’ai pu m’empêcher de penser à quelques faits divers qui ont défrayé la chronique récemment. Il fallait déjà avoir le cœur bien accroché en voyant ça au journal télévisé. Avec Appoline, en plus, il faut être prêt à être dérangé dans ses principes, car Morvan ajoute une couche extrêmement audacieuse qui risque de laisser certains lecteurs perplexes : et si la victime exerçait elle-même une sorte de manipulation morbide sur son ravisseur ?

A ce jeu, la jeune femme "séquestrée" a de quoi faire dresser les cheveux sur la tête : pour "faire le ménage" autour d’elle, le vieux Carasse est notamment obligé d’améliorer sa "dextérité" au coup de marteau. Mais, évidemment, à trop jouer avec le feu on finit par s’y brûler, à moins que le flic qui s’en mêle n’ait lui-même quelques failles qui ne demandent qu’à être colmatées.

Vous aurez compris que le traitement du sujet n’a rien de politiquement correct, et ça ne plaira pas à tout le monde ! L’avantage est que le résultat est original. On regrettera tout de même que les motivations des uns et des autres – et surtout celles de la "victime" – soient essentiellement abordées sur un mode rhétorique qui a du mal à rendre les réactions psychologiquement crédibles, ce qui aurait pu faire de cet album un incontournable.

Mais le résultat reste tout de même intéressant, d’autant que le dessin de TBC est efficace et sans chichis. Il a eu soin de doter l’héroïne d’un physique à damner n’importe quel homme normalement constitué, ce qui crédibilise tout de même un peu l’histoire.

Chronique par Yves