George est un jeune "peau-rouge" qui, comme
nombre de ses congénères après 1850, a été pris en main par un
pasteur afin d'en
éliminer toute trace de culture indigène. Par un événement
tragique, il se
retrouve en compagnie forcée d'un trio :
Little Knife, guerrier Lakota cherchant à venger la mort de
sa mère et
les outrages commis sur les siens ; No Moon, femme Lakota
elle aussi et rejetée par son clan ; et enfin Sully O'Reilly,
irlandais
solidaire de la cause amérindienne, sa communauté étant à peine
mieux
considérée.
Neyef a concocté un ample récit d'une beauté sidérante. La taille des pages lui a permis de rendre compte des paysages spectaculaires, des grands espaces. Un accent particulier est porté sur les lumières, les ombres, les éclairages. Les scènes contemplatives alternent avec des fulgurances violentes, similaires au cinéma de Tarantino. On pourra aussi penser à la récente série The English, dans cette succession de beauté plastique et de tueries parfois barbares.
Lors de ce long chemin semé d'embuches, George
retrouve ses
origines et prend conscience de la lutte des Indiens pour que leur
culture,
leur mode de vie ne soient pas totalement effacés. Vivre en
harmonie avec la Nature dont nous faisons partie, dans le respect de chaque espèce, tranche forcément avec l'arrogance et les élans dominateurs des Blancs. Ces
derniers n'ont d'ailleurs pas hésité à tuer des milliers de bisons
pour les
laisser pourrir, in fine pour affamer les soi-disant "sauvages" !
Cette histoire sans concession, jusqu'au-boutiste, qui emprunte au drame shakespearien, ou par son côté inéluctable à la tragédie grecque, vous chamboulera jusque dans son final percutant. Mon coup de cœur de l'année !
BD parue sous le label 619
des éditions Rue de Sèvres.
P.S.: Vu le prix actuel d'ouvrages un peu volumineux (aux alentours de 30€, voire plus), celui de Hoka Hey ! est assez contenu : 23€. Pour ce qu'il offre, ça mérite d'être souligné.