BD/HUMOUR : Rapport de stage

C
laire frappe à la porte de son tuteur de stage au sein de la Sotipec. Celui-ci, Jean-Luc Joulin – que les autres appellent Bernard, car c'était celui qui occupait le bureau auparavant – fait semblant de bosser, parce qu'à la Sotipec "c'est boulot-boulot, ça n'arrête jamais".

Mais si les nouvelles stagiaires sont censées découvrir les activités de Sotipec, on ne saura en revanche jamais réellement ce qu'il s'y fait. On y verra surtout le désœuvrement, la perte de motivation, la vacuité de son personnel, le "décérébrage" en cours.

Les auteurs voient assez juste sur un point : le stage en entreprise est devenu le passage obligé de tout parcours estudiantin. Suivant l'endroit, il sera possible d'apprendre réellement un métier, d'être exploité gratuitement, de s'ennuyer dans une simple observation ou d'être le larbin qui fait les photocopies ou le café. Il sera difficile de mettre à profit ce qu'on  a appris en école, à savoir "outsourcer les process concurrentiels sur la base d'un benchmark qualité en phoning".

En revanche, De Thuin et Bernstein sont à côté de la plaque pour cette entreprise où la hiérarchie est quasiment absente, où les ordres contradictoires et paradoxaux n'existent pas, où le stress est uniquement provoqué par le choix qu'il y aura au menu de la cantine. Chacun a son bureau dans lequel il peut glander à souhait, le temps n'est jamais un problème. Pas de plans sociaux, pas de burn-out, pas de suicide forcément... Comme s'ils avaient pour seule image de l'entreprise actuelle la caricature que l'on se faisait d'une administration dans les années '80, et qui était déjà fausse à l'époque !

David De Thuin  (Le roi des bourdons, Coup de foudre, Waldor) fait le job côté dessin, mais quel grand ratage sociologique, que j'ai trouvé peu drôle pour couronner le tout.

 Chronique par Reynald Riclet

Rapport de stage est un album paru chez Fluide Glacial.