BD : Ellis Island - T1 : Bienvenue en Amérique!


C'
e
st un véritable plaisir de retrouver l'art du dessinateur polonais Miras (révélé en 2005 par Un western dans la poche, chez Caravelle/Glénat), sur un scénario signé Philippe Charlot (Gran Café Tortoni). Les deux hommes avaient déjà collaboré pour réaliser Harmonijka, biographie en BD du musicien Greg Zlap, dans la collection Grand Angle des éditions Bamboo... chez qui paraît aujourd'hui aussi ce premier tome de Ellis Island.

Au travers du parcours de Tonio, un jeune italien, c'est une fresque de type "historique" qui nous est contée ici, nous donnant un aperçu réaliste des conditions de voyage - plein d'illusions et de complications - qu'effectuent, au début du XXe siècle, la foule de migrants désireux de s'installer aux USA. Notre héros porte beaucoup de choses sur ses épaules : tous les espoirs des gens de son village d'origine ; la responsabilité de devoir masquer un handicap qui risque de le refouler à cette "porte d'entrée du nouveau continent" qu'est Ellis Island (aux abords de New-York) ; et, "last but not least", la culpabilité de céder à un chantage mafieux... sans lequel tous ses efforts seraient anéantis.
 
L
a bande dessinée débute de manière quelque peu chaotique. Si c'est de prime abord inconfortable pour le lecteur, ça s'accorde en revanche bien avec les situations décrites. Certains personnages secondaires ont tellement de présence qu'on les croirait - à tort - amenés à avoir un rôle important, tandis que de réels protagonistes ne se distinguent pas ou se confondent dans la foule. Les auteurs semblent aussi encore se tâter pour trouver la juste tonalité - avec des éléments très caricaturaux dans le réalisme, voire le drame - et le bon rythme narratif - certaines cases prenant l'espace et le temps d'installer une ambiance, tandis que d'autres sont un peu précipitées. Cependant, la façon d'aborder ce remue-ménage historique, de le dessiner (avec de très belles couleurs, lumineuses et franches), est impressionnant et prometteur. Vivement le second et dernier volume de Ellis Island !

A noter qu'en fin d'album figure un cahier documentaire réalisé en partenariat avec le magazine Historia.

Chronique par Joachim Regout

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