BD en 2020 : les coups de coeur de Joachim

S
i nous pouvons indéniablement marquer 2020 d'une pierre noire sur bien des aspects,
la vivacité créative d'auteurs de bandes dessinées a donné lieu à une avalanche de parutions d'excellente qualité. A titre personnel, les lectures suivantes auront contribué à rendre cette année plus supportable. Il y en a bien sûr plein d'autres et même plusieurs que je n'ai pas encore eu le temps de lire (séances de rattrapage en perspective), mais voilà une liste des 7 nouveaux titres (+ 1 édition spéciale) qui m'ont le plus marqué (parmi lesquels certains dont nous vous avions déjà parlé en nos pages) :

- le "thriller" fantastique New York Cannibals de Boucq et Charyn (publié par Le Lombard). Il s'agit d'une suite de Little Tulip, même si ce dernier constituait un récit complet. Il est rare que ces deux auteurs s'associent, mais c'est décidément à chaque fois pour offrir le meilleur d'eux-mêmes (comme en témoignaient déjà La femme du magicien, Bouche du diable...) ;

- l'ode à la tolérance Peau d'homme, magnifique mais aussi dernière collaboration entre le dessinateur Zanzim et le regretté scénariste Hubert, qui aimait décidément utiliser les codes du conte pour tisser ses récits adultes. Le point final à sa bibliographie est, contre toute attente, son ouvrage le plus positif (et c'est paru chez Glénat) ;

- le retour d'inspiration de Joann Sfar avec La chanson de Renart, qui revisite les filouteries du goupil moyenâgeux. Ce premier tome (paru chez Gallimard) est déjanté et drôle à souhait ;

- encore un album se déroulant dans un Moyen-Âge imaginaire (décidément) : Aldobrando par Gipi et Critone (chez Casterman). Un adolescent simplet est, par une ruse de son mentor, poussé à s'aventurer dans le vaste monde en proie à la tyrannie. Son parcours s'avèrera initiatique et aura bien sûr quelque impact sur le cours des événements du pays ;

- le voyage métaphorique de Rivière d'encre, par Etienne Appert (et publié par La Boîte à Bulles), qui nous emmène sur une réflexion toujours en cours sur l'art du dessin, depuis ses origines... jusqu'à Boucq et Baudoin, ces grands noms de la BD qui offrent ici aussi leur petite contribution ;


- le 2e tome du "coming out" libertin de Jean-Louis Tripp, au sommet de son art narratif, dans Extases (publié par Casterman) ;

- le 7e volume de péripéties incroyables de Julius Corentin Acquefacques : L'hyperrêve
(chez Delcourt). Ca fait 30 ans que Marc-Antoine Mathieu distille ses trouvailles ingénieuses pour développer cet univers complexe comme il n'y en a aucun autre en bande dessinée ; 
 
- la mise en couleur aussi intelligente qu'inhabituelle de La Fièvre d'Urbicande (second volume des Cités Obscures, paru en 1985)
par l'affichiste Jack Durieux. Ce n'est pas là une simple énième démarche marketing pour moderniser un classique, mais bel et bien la version définitive de l'album aux yeux de Schuiten et Peeters, qui avaient à l'origine imaginé cette histoire en couleur. Les conditions éditoriales de Casterman à l'époque ne le permettaient simplement pas pour un épais roman graphique.
 
En vous souhaitant, de la part de l'équipe des Chroniques d'Asteline, de bonnes lectures, mais aussi de belles fêtes... que j'espère joyeusement cocoon ou créativement minimalistes !

Joachim