BD : La vie hantée d'Anya

Tandis que je vous écrivais il y a peu à propos de la bande dessinée Un été d’enfer, son éditeur - Rue de Sèvres - préparait déjà l'édition française de l'album précédent (oui, oui, précédent) de son autrice-dessinatrice, la russo-américaine Vera Brosgol. Et c'est là une excellente idée puisque cette histoire-là, intitulée La vie hantée d’Anya, parue aux USA en 2011, reste à ce jour son meilleur bouquin. Figurez-vous qu'elle a même suscité suffisamment d'enthousiasme cette année-là pour remporter un... Eisner Award ! Si cette première publication professionnelle très réussie de l'artiste méritait un encouragement, je ne peux m'empêcher de trouver la récompense quelque peu disproportionnée après lecture.

La vie hantée d’Anya a ceci de commun avec Un été d'enfer d'être une lecture qui s'adresse aux lectrices et lecteurs adolescent.e.s (bien qu'ici plutôt les 14-16 ans) et qu'on y sent beaucoup d'éléments autobiographiques liées à la difficulté de s'intégrer quand on est enfant issu d'une culture différente, avec un accent étrange ou d'une famille qui ne bénéficie que d'un revenu pour le moins modeste. C'est ce contexte social qu'on retrouve à nouveau dans le personnage principal, une lycéenne de plus complexée par sa physionomie légèrement "boulotte". Par contre, ses mésaventures à elle seront empreintes du genre fantastique.

Dans un moment de contrariété, frustrée par sa vie, Anya se réfugie dans un bois. Rapidement elle y fera une chute malencontreuse et se retrouvera au fond d'un trou. Reprenant ses esprits - c'est le cas de le dire -, elle fera la connaissance d'un fantôme, celui d’une certaine Emily, décédée à cet endroit précis plusieurs décennies plus tôt.  Une amitié les liera quand elles parviendront à se tirer d’affaire. Enfin, d’"amitié"... le lien prendra vite une tournure particulière.

Une bande dessinée qui file gentiment des frissons et qui se lit agréablement à l'âge adulte aussi.


Chronique par Joachim