Son entourage lui avait dit, à Philippe Dupuy : "Godard ? Godard ? Une BD sur Godard ? Tu en es sûr ? De vouloir faire ça ? Le rencontrer ? En plus ? Il veut le rencontrer ?!! Mais quoi ? Pour faire quoi ? Un biopic ? Encore un biopic ? Y a plus que ça des biopiques ! Et des reprises. Oui. Y a plus que ça ! Godard. Il est insupportable Godard, non ? J’ai pas réussi à voir un seul de ses films jusqu’au bout. C’est chiant Godard !!!"
Or, ce projet est parti d’une citation de ce dernier en 1980, dont l’interprétation pouvait prêter à confusion : "Si je savais dessiner, il y aurait beaucoup de dessins. C’est quelque chose que je regrette, ça, d’avoir oublié. Je savais un peu dessiner, et puis je n’ai pas pratiqué ça ; et aujourd’hui j’ai un peu la flemme, mais j’aimerais bien savoir dessiner, même pas habilement comme les dessinateurs de bandes dessinées, sans talent, mais dessiner à peu près correctement, dessiner quelque chose, je pense que je m’en servirais beaucoup."
Si plusieurs clins-d’oeil aux films sont présents, ceci n’est donc absolument pas un biopic du réalisateur de Pierrot le fou, Masculin Féminin ou du Mépris. Ces pages parlent bien davantage de l’auteur de bandes dessinées et de ses questionnements de forme et de fond sur son propre art, mis en perspective par la rencontre (fictive ou réelle ? Surprise.) avec le cinéaste emblématique de ce qu’on appelait dans les années ‘60 "la nouvelle vague".
Ce livre interroge la raison de créer. Le "beau dessin", "bien fait", n’intéresse plus Philippe Dupuy, et son besoin irrépressible d’évolution, d’expérimentations narratives, l’éloignent encore davantage de ce qu’il réalisait avec son associé Charles Berbérian du temps des séries Monsieur Jean ou Henriette.
Or, ce projet est parti d’une citation de ce dernier en 1980, dont l’interprétation pouvait prêter à confusion : "Si je savais dessiner, il y aurait beaucoup de dessins. C’est quelque chose que je regrette, ça, d’avoir oublié. Je savais un peu dessiner, et puis je n’ai pas pratiqué ça ; et aujourd’hui j’ai un peu la flemme, mais j’aimerais bien savoir dessiner, même pas habilement comme les dessinateurs de bandes dessinées, sans talent, mais dessiner à peu près correctement, dessiner quelque chose, je pense que je m’en servirais beaucoup."
Si plusieurs clins-d’oeil aux films sont présents, ceci n’est donc absolument pas un biopic du réalisateur de Pierrot le fou, Masculin Féminin ou du Mépris. Ces pages parlent bien davantage de l’auteur de bandes dessinées et de ses questionnements de forme et de fond sur son propre art, mis en perspective par la rencontre (fictive ou réelle ? Surprise.) avec le cinéaste emblématique de ce qu’on appelait dans les années ‘60 "la nouvelle vague".
Ce livre interroge la raison de créer. Le "beau dessin", "bien fait", n’intéresse plus Philippe Dupuy, et son besoin irrépressible d’évolution, d’expérimentations narratives, l’éloignent encore davantage de ce qu’il réalisait avec son associé Charles Berbérian du temps des séries Monsieur Jean ou Henriette.
On est ici plus proche d'un storyboard déstructuré, inventivement esquissé, le plus souvent en noir et blanc, avec, pour aérer les dialogues, des planches plus "arty" ou oniriques, avec des incursions minimalistes de couleur : des aplats pour un effet vintage, des collages, des dessins enfantins, des "taches" d’aquarelles.
Loin d'être un grand connaisseur ou amateur de l’œuvre de Jean-Luc Godard, (je n'ai vu que les classiques cités plus haut), j’ai pourtant vraiment apprécié ce bouquin, qui est en somme une curiosité… qui appelle la nôtre.
Ça me donne aussi envie de rattraper la lecture du précédent ouvrage de Philippe Dupuy, également paru chez Futuropolis, intitulé J’aurais voulu faire de la bande dessinée (2020). Celui-là est issu de la rencontre avec deux musiciens qui ambitionnaient au départ d’être dessinateurs : le chanteur Dominique A et le pianiste de jazz Stéphan Oliva.
Chronique par Joachim Regout