Comme il est très bien écrit, commençons cette chronique par le résumé officiel de Grand Angle (label des éditions Bamboo) :
"Il s’appelle Jake Johnson. C’est une légende de l’Ouest... Au chômage.
Depuis 15 ans, Frank incarne le célèbre Marshal Johnson dans le spectacle quotidien de Woodstone. Il est obstiné, colérique, et totalement possédé par son personnage. Un peu trop, de l’avis du psychiatre, depuis que Frank a dégainé sur un touriste.
Depuis 15 ans, Frank incarne le célèbre Marshal Johnson dans le spectacle quotidien de Woodstone. Il est obstiné, colérique, et totalement possédé par son personnage. Un peu trop, de l’avis du psychiatre, depuis que Frank a dégainé sur un touriste.
Officiellement jugé "trop vieux" pour le rôle, Frank perd tout. Son seul horizon : un voyage organisé dans l’Ouest, offert par ses collègues. Pour tout bagage, sa prime de départ et un authentique Colt simple action, modèle 1880. Et au fond de son âme, une légende à réécrire."
Mine de rien, depuis Le retour, Bruno Duhamel construit, un one-shot après l'autre, une œuvre cohérente, solide, entre tradition de la BD classique et une façon de raconter résolument dynamique et moderne. Après les attachantes personnes âgées du Voyage d'Abel et Jamais (dont une suite a été annoncée, contre toute attente), la dénonciation des ravages potentiels que peuvent engendrer des buzz de réseaux sociaux avec #NOUVEAUCONTACT_, voici à présent un western... qui a en commun avec le titre précité un anti-héros, une indignation face au tourisme de masse et d'autres dérives de nos sociétés.
Fausses pistes part en effet tant d'une envie de dessiner les paysages de l'Ouest américain, que de railler les mises en scène du business du voyage, mais aussi et surtout de démonter plein de bobards relatés dans les livres d'Histoire, les clichés hollywoodiens et autres croyances erronées... tout en faisant le lien avec les "fake news" actuelles. Le résultat est surprenant, décalé, amusant dans l'usage des clichés et instructif. Cette combinaison de thèmes intéressants avec une narration concise fait de Duhamel un des rares auteurs dont on peut actuellement acheter chaque album les yeux fermés. Si tout le monde était au courant, ma présente chronique serait d'ailleurs inutile.
J'ai quelques mini-bémols (mais vraiment mini, hein) à exprimer sur ce livre-ci : premièrement, s'il est réjouissant que cette intrigue complexe soit contenue en seulement 75 pages (ce qui est peu, compte tenu de la place accordée aux grands espaces), on a en revanche l'impression que Duhamel aurait encore largement matière pour continuer à régler ses comptes avec les légendes américaines et développer les passifs psychologiques de ses protagonistes... qui gagnent en consistance au dénouement. Selon moi, un second volume de Fausses pistes serait donc le bienvenu en complément.
Ensuite, si le dessin est toujours aussi admirablement maîtrisé, mon impression d'un trait parfois un peu moins fin a trouvé son explication dans un changement de technique. Hormis l'étape crayonnée, tout l'album a été conçu numériquement, Bruno Duhamel ayant travaillé dans un lieu plus exigu durant le confinement. Ce qui m'a légèrement dérangé ce sont certains choix chromatiques. Même plus franches qu'à l'accoutumée (voire flashy), les couleurs ne laissent par exemple pas assez suggérer l'impression de chaleur torride quand les scènes le nécessitent. L'illustration en quatrième de couverture offre par contre un rendu de paysage du Far West qui auraient été du meilleur effet dans plusieurs pages intérieures.
Ensuite, si le dessin est toujours aussi admirablement maîtrisé, mon impression d'un trait parfois un peu moins fin a trouvé son explication dans un changement de technique. Hormis l'étape crayonnée, tout l'album a été conçu numériquement, Bruno Duhamel ayant travaillé dans un lieu plus exigu durant le confinement. Ce qui m'a légèrement dérangé ce sont certains choix chromatiques. Même plus franches qu'à l'accoutumée (voire flashy), les couleurs ne laissent par exemple pas assez suggérer l'impression de chaleur torride quand les scènes le nécessitent. L'illustration en quatrième de couverture offre par contre un rendu de paysage du Far West qui auraient été du meilleur effet dans plusieurs pages intérieures.
Ces chicaneries mises à part, je rappelle que Fausses pistes est surtout un très bon moment de lecture.