(...)
Le débat qui s'est noyauteur de la loi renseignement - graver dans le marbre législatif l'usage des techniques intrusives et le passage à la surveillance de masse, en échange de la promesse d'un contrôle renforcé de leur usage - n'a pas fini de se rejouer.
(...)
Comme l'écrivait Lawrence Lessig il y a dix-sept ans : le code fait loi. "Ne refusons pas a priori des innovations développées par d'autres en pire, mais encadrons, publicistes, contrôlons", lance Garapon. Pas certain que cela suffise à circonscrire dans la sphère régalienne, au risque de la réduction à peau de chagrin d'un Etat de droit de plus en plus mal en point."
Qu'est-ce que l'AI ? Que change-t-elle positivement ou négativement dans les domaines de la police, de la justice, des transports, de la médecine, de l'emploi, des médias, du sexe, de la création artistique... ? Ne faut-il pas s'attendre à des détournements de systèmes autonomes ? Y a-t-il véritablement une compétition entre l'humain et la machine ?
Autant de questions cruciales, inquiétantes et passionnantes à la fois, qui nécessitaient plusieurs angles de vue, ce que propose ce livre paru en poche dans la collection "Champs" de Flammarion, avec des interventions de plusieurs personnalités et experts : Enki Bilal, Laurence Devillers, Gilles Dowek, Jean-Gabriel Ganascia, Yann LeCun, Cédric Villani...
Autre extrait :
"Toutes les études s’accordent sur le fait qu’un haut niveau de qualification reste la meilleure garantie de l’emploi. La part de la formation initiale deviendra plus relative par rapport à celle de la formation tout au long de la vie afin de s’adapter à des cycles d’innovation de plus en plus rapprochés. Une injonction à l’adaptabilité dans laquelle le philosophe Bernard Siegler voit se concrétiser le “cauchemar de disruption permanente”, qu’il assimile à une nouvelle forme de “barbarie”.
Il reste cependant des propriétés du travail humain qui, en l’état actuel des applications de l’IA, amènent à relativiser l’apocalypse promise par certains. A la différence des robots et des algorithmes, la plupart des métiers nécessitent des aptitudes à l’empathie à côté desquelles même les mieux programmés des logiciels continuent de se comporter comme des sous-doués de l’interaction sociale.”