ESSAI : Intelligence artificielle - Enquête sur ces technologies qui changent nos vies


"Le privé, lui, déploie déjà ce type de technologies. En septembre dernier, une conférence sur l'intelligence artificiellecoorganisée par Milipol, le salon de la sécurité intérieure des Etats, comptait parmi ses sponsors Sinequa, une entreprise française spécialisée dans l'analyse de big data. Sa "plateforme de recherche et d'analyse cognitives" permet entre autres, d'après la plaquette de présentation, de "surveiller les interactions sur les réseaux sociaux". La société compte parmi ses clients des "agences majeures de renseignement et des forces de l'ordre", ainsi que des ministères français - Défense, Finances, Intérieur.

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Le débat qui s'est noyauteur de la loi renseignement - graver dans le marbre législatif l'usage des techniques intrusives et le passage à la surveillance de masse, en échange de la promesse d'un contrôle renforcé de leur usage - n'a pas fini de se rejouer.

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Comme l'écrivait Lawrence Lessig il y a  dix-sept ans : le code fait loi. "Ne refusons pas a priori des innovations développées par d'autres en pire, mais encadrons, publicistes, contrôlons", lance Garapon. Pas certain que cela suffise à circonscrire dans la sphère régalienne, au risque de la réduction à peau de chagrin d'un Etat de droit de plus en plus mal en point."


Qu'est-ce que l'AI ? Que change-t-elle positivement ou négativement dans les domaines de la police, de la justice, des transports, de la médecine, de l'emploi, des médias, du sexe, de la création artistique... ? Ne faut-il pas s'attendre à des détournements de systèmes autonomes ? Y a-t-il véritablement une compétition entre l'humain et la machine ?

Autant de questions cruciales, inquiétantes et passionnantes à la fois, qui nécessitaient plusieurs angles de vue, ce que propose ce livre paru en poche dans la collection "Champs" de Flammarion, avec des interventions de plusieurs personnalités et experts : Enki Bilal, Laurence Devillers, Gilles Dowek, Jean-Gabriel Ganascia, Yann LeCun, Cédric Villani...


Autre extrait :


"Toutes les études s’accordent sur le fait qu’un haut niveau de qualification reste la meilleure garantie de l’emploi. La part de la formation initiale deviendra plus relative par rapport à celle de la formation tout au long de la vie afin de s’adapter à des cycles d’innovation de plus en plus rapprochés. Une injonction à l’adaptabilité dans laquelle le philosophe Bernard Siegler voit se concrétiser le “cauchemar de disruption permanente”, qu’il assimile à une nouvelle forme de “barbarie”.


Il reste cependant des propriétés du travail humain qui, en l’état actuel des applications de l’IA, amènent à relativiser l’apocalypse promise par certains. A la différence des robots et des algorithmes, la plupart des métiers nécessitent des aptitudes à l’empathie à côté desquelles même les mieux programmés des logiciels continuent de se comporter comme des sous-doués de l’interaction sociale.”