"Si le bruit recommence à prendre mon oreille
comme un arbre à sa pomme ;
Si je ne suis plus moi-même au volant des vagues
pour conduire la mer où la mer serait mieux ;
Si j'ai des horizons qui m'entrent dans les yeux,
un cri pour ne toucher que le tympan des morts ;
Si un rien m'étrangle, et encore !
sans gorge pour les doigts de l'oubli fouillant la mémoire
comme une veste son armoire ;
Si cela recommence et si cela se réinstalle et si
je dois signer ma propre figure et me scier ma scie
comme un clou se clouerait soi-même dans son fer ;
Si cela est vraiment la chose nécessaire
et le dernier bélier par quoi s'ouvre la porte
et si c'est par ici qu'il faudra que je sorte,
je veux bien ! mais, alors, que quelqu'un me le dise !
Que quelqu'un me le dise et je reste sur terre,
fixe dans mon sourire et droit sur mon derrière."
comme un arbre à sa pomme ;
Si je ne suis plus moi-même au volant des vagues
pour conduire la mer où la mer serait mieux ;
Si j'ai des horizons qui m'entrent dans les yeux,
un cri pour ne toucher que le tympan des morts ;
Si un rien m'étrangle, et encore !
sans gorge pour les doigts de l'oubli fouillant la mémoire
comme une veste son armoire ;
Si cela recommence et si cela se réinstalle et si
je dois signer ma propre figure et me scier ma scie
comme un clou se clouerait soi-même dans son fer ;
Si cela est vraiment la chose nécessaire
et le dernier bélier par quoi s'ouvre la porte
et si c'est par ici qu'il faudra que je sorte,
je veux bien ! mais, alors, que quelqu'un me le dise !
Que quelqu'un me le dise et je reste sur terre,
fixe dans mon sourire et droit sur mon derrière."
Extrait de Je dirai que je suis tombé (Gallimard), par Roland Dubillard (1923-2011), dont l'oeuvre poétique avait très tôt attiré l'attention de Raymond Queneau.
Jongleur de mots hors pair, mêlant durant toute sa carrière sens de l'observation et absurde, questionnements existentiels et humour, Dubillard était également écrivain, dramaturge et comédien (La grande lessive, de Jean-Pierre Mocky, Avec Bourvil et Francis Blanche ; etc.).
On lui doit aussi, par exemple, les sketches radiophoniques des Diablogues, ayant ensuite été souvent portés au théâtre avec succès par François Morel et Jacques Gamblin, ou, plus tard, Martin Lamotte et Michel Galabru.
Un grand auteur à découvrir par où vous voulez, selon vos affinités.