Editeur : Delcourt
Le
protagoniste sur la couverture, c’est Hollis, un jeune garçon new-yorkais des
années 1980. Fan de comics, il camoufle sa solitude et son manque de
confiance en revêtant un costume ridicule de super-héros. Mais il
n’apparaîtra que dans un second temps du récit.
La majorité de ce roman
graphique se déroule dans un monde apocalyptique, glauque et dont plus
rien ne semble retenir la population de s'adonner à toutes les dérives. Parmi les
gangs d’ados livrés à eux-mêmes, les Wrenchies sont dotés de pouvoirs
surnaturels à défaut de capital sympathie. Ils s’opposent aux monstrueux
Shadowmen, sortes de zombies qui parasitent et menacent l’humanité.
Indéniablement,
ce roman graphique est atypique dans la production américaine. Farel
Dalrymple apporte une touche graphique éloignée du
formatage habituel des comics. Il ose aborder son récit sans linéarité
d’espace ou de temps, s’amuse de mises en abîme, mêle psychédélisme
morbide et réflexions existentielles, explicites ou métaphoriques (sur
la désillusion, la création, la pollution, les fuites addictives que
sont les jeux vidéo ou les drogues, le passage à l’âge adulte…). Même
les épilogues s’enchâssent : ce récit sera à tiroirs jusqu’à la fin.
Devant
cette succession d’audaces, on aurait vraiment aimé être aussi conquis
que Mike Mignola (Hellboy) et le New York Times (la mention de leur
enthousiasme servant d’accroche marketing sur la banderole et en
quatrième de couverture). Malheureusement, il a en fait été difficile de
ne pas perdre le fil dans cet éparpillement de l’auteur et la lecture
nous a été fastidieuse. Non seulement aucun personnage de ce petit monde
apocalyptique ne suscite un quelconque attachement, mais la narration
manque de fluidité et d’une maîtrise des dialogues (parfois nombreux).
La traduction - trop littérale - n’arrange rien.
Chronique par Joachim