Editeur : Flammarion
Comme on ne juge pas quelqu’un par son apparence, on ne peut que rarement se fier à la couverture d’un livre pour apprécier son contenu. Celui-ci ne déroge pas à la règle, et vient même plutôt la renforcer. Ainsi, sous un titre finalement peu révélateur, se cache un contenu bien plus riche. Le message est en effet des plus sérieux. Le top 14 des découvertes scientifiques qui n’ont servi à rien n’essaie en rien de discréditer la démarche scientifique. Bien au contraire, il l’alimente dans tout ce qu’elle a de complexe et de controversé. Le sujet de ce livre, ce n’est donc pas tant la science en soi, mais ce que la société en fait, ce qu’elle véhicule et comment elle est perçue par le grand public.
La science et la société, c’est un peu une relation amour-haine. D’un côté, quel confort de pouvoir bénéficier de tout ce que la science a changé pour nous au fil des siècles (médicaments, ordinateurs, industrie, etc.). De l’autre, bien trop souvent, on serait tenté de rejeter en bloc toutes les découvertes qui contrecarrent nos croyances et les mythes auxquels nous nous rattachons et défendrons vigoureusement en criant au complot. Difficile alors de sortir de l’impasse, car on sait que quand on touche aux croyances, il y a peu de place aux arguments rationnels.
On retrouve alors des découvertes drôles mais fondées, infondées mais soutenues par le grand public, controversées, dérisoires au premier abord, mais qui mènent à des avancées majeures ; des impostures notoires, des découvertes surmédiatisées et d’autres passées inaperçues. Contextualisées et étayées, elles sont aussi écrites avec beaucoup de légèreté, de pédagogie… et rarement de parti pris ; ce qui, il faut l’avouer, a parfois dû être compliqué.
Il serait injuste de parler d’airs "faussement amusants" pour cet ouvrage qui reste drôle à souhait et dont certains récits se lisent presque comme un roman (mention spéciale à la découverte de la mémoire de l’eau, saga sociale et sociétale s’il en est). Néanmoins, derrière un humour maîtrisé se trouve donc un message fort. L’approche n’est pas forcément originale puisque les IG Nobel utilisent depuis plusieurs années cette approche paradoxale d’appâter et de conscientiser le grand public aux contenus et aux enjeux de la recherche scientifique en s’en moquant délibérément. Néanmoins, on ne peut enlever le mérite à Allesandra Kroh et Madeleine Veyssié de populariser et de formaliser la démarche, d’avoir choisi un échantillon à la fois représentatif et savoureux des recherches ayant reçu le prix. Une très belle surprise.
Chronique par Romina Rinaldi