Editeur : Glénat
La collection de bandes dessinées "Les Grands Peintres" ne propose aucune unité graphique ou de ton... et c'est tant mieux. On y découvre des auteurs et dessinateurs divers, choisis en fonction de leurs styles pour retracer une tranche de vie marquante d'un maître de la peinture. Après le classicisme de circonstance pour Van Eyck, le registre pictural change bien sûr totalement quand il s'agit de dresser un portrait de Francisco Goya (1746-1828).
Le dessin de Benjamin Bozonnet est expressif, nerveux, esquissé et on peut aisément le rapprocher de la veine Blain, Blutch et consors. Pour plus de cohérence et d'atmosphère, les couleurs auraient selon moi gagné à être davantage en clair-obscur, car une impression de grisaille monotone domine.
Le scénariste Olivier Bleys s’attarde ici sur les derniers mois de celui qui s’avèrera être le précurseur du romantisme et de l’art moderne. Derrière l’immense talent torturé, il décrit le vieil espagnol comme un homme tout bonnement abject, amer, colérique, violent, sans amour ni respect pour personne. Au final, on ne retient malheureusement que ça de l’histoire, la démarche artistique et ses origines passant complètement au second plan.
C’est de manière générale ce qu’on peut reprocher à la plupart de ces "biopics" très en vogue, alors que la bande dessinée me semble idéale pour décrypter l’évolution d’une oeuvre picturale, comme l’a déjà démontré Edmond Baudoin avec Le Portrait (à l'Association) ou Dali (chez Dupuis), par exemple.
D’autre part, plutôt qu’un petit dossier documentaire généraliste en postface, j’aurais préféré un complément d’information qui fasse le lien avec le récit qui précède, qui permette au lecteur de distinguer la part de fiction de celle de la réalité.
Chronique par Jean Alinea