Docteur Moebius et Mister Gir - Entretiens avec Jean Giraud


Auteur : Sadoul

Editeur : Casterman

Les célèbres et nombreux dialogues entre Jean Giraud et Numa Sadoul (comédien, metteur en scène et passionné de bandes dessinées) sont enfin réédités et complétés avec des réflexions "fin de vie" (mais toujours pleines de vie), de nouveaux témoignages de proches ou d'ex-collaborateurs, ainsi que quelques images inédites (trop peu). 

Plus de 250 pages A4, peu d'images, mais des témoignages d'étapes de vie, de réflexion et d’évolutions créatives pour le moins surprenantes. Il sera tant question ici d’anecdotes, de coups de coeur (Curwood, Castaneda, Miyazaki…), de technique de dessin, que de sa quête de “pères” (Jijé, Jodo, le gourou I.J.-P. Appel-Guéry…), de clés créatives,  de végétarianisme, de femmes, de famille, d’ego et de la mort. Souvent contradictoire, touchant, drôle, l’artiste se livre avec beaucoup de sincérité.

Dense et indispensable pour tout fan, la consultation de Docteur Mœbius et Mister Gir est aussi stimulante pour tout artiste intéressé par des démarches de maîtres. Ce livre pourrait à ce titre être rangé aux côtés d'un ouvrage comme Entretiens avec Francis Bacon de David Sylvester. Excusez du peu.

Cette version définitive est aussi l'occasion pour Numa Sadoul de clore sur une déclaration d'amour pour celui qu'il considère comme un grand frère d'âme, un pur génie et un philosophe.



Chronique par Joachim Regout

Extrait :

“(…) Si j’avais une responsabilité, c’était en premier lieu par rapport à ma liberté d’artiste. C’est-à-dire que je ne voulais pas devenir l’artiste “officiel”… Il m’a toujours paru essentiel d’arriver devant la feuille blanche dans un état d’esprit vierge ; c’est-à-dire que je suive mon crayon plutôt que ce soit mon crayon qui me suive. La marque de l’achèvement, de la maîtrise, doit être la spontanéité. Comme dans le zen, la flèche part parce qu’on est soi-même la cible ; on ne réfléchit pas, on s’identifie à l’action d’une manière totale, et hop ! Quelque chose d’inattendu arrive. Une fois que c’est fini, on découvre quel en est le sens : “ tiens, je suis facho… Tiens, je suis sexiste… Tiens, je suis libéré… Tiens, je suis bon… Tiens, je ne suis pas bon…” On découvre tout cela après coup, si on le veut bien, et selon les critères et les croyances qu’on s’est fixés, ou qu’on nous a communiqués ou imposés.”


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