Éditeur : La boîte à bulles / Arte éditions
Magnifique
titre que celui de cet album qui fait bien sûr écho au fameux ouvrage
de Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra. Zarathoustra (ou Zoroastre) est
le prophète d’une des premières religions monothéistes au monde, née en Perse au premier millénaire avant
notre ère et qui prêche un principe dualiste : le monde est le lieu d’une lutte
incessante entre le principe du Mal et le principe du Bien, ce dernier
étant destiné à l’emporter. Le zoroastrisme compte aujourd’hui encore
près de 40 000 adeptes. Entre 2005 et 2008, il a été
victime de l’assassinat de plusieurs de ses membres éminents.
S’inspirant du cas de Kasra Vadarafi, Nicolas Wild crée le personnage
fictif de Cyrus Yazdani pour relater ces faits méconnus en Occident. Le
silence qu’évoque le titre est donc celui provoqué par l’éradication de
cet homme, grand défenseur du patrimoine culturel zoroastrien en Europe
et en Iran. Wild retrace son parcours, ses principes, ses combats,
jusqu’au procès de son présumé assassin, à Genève en 2009, qui en
révélera les relents politiques.
Mêlant la grande Histoire à la "petite", celle d’un homme et de sa famille, mêlant passé et présent,
l’auteur nous emmène sur les traces de cette religion méconnue et de ses
adeptes dans l’Iran d’aujourd’hui.
On avait beaucoup aimé les récits
d’expatrié de Nicolas Wild en Afghanistan (Kaboul Disco). Il se met ici à nouveau en scène, sous les traits d'un dessinateur
naïf (parfois jusqu’à la niaiserie), embarqué presque par hasard dans ce
tourbillon de l’Histoire. Plusieurs de ses interventions, qui ont
certainement pour but de détendre l’atmosphère par l’humour, tombent
malheureusement à plat et déforcent le scénario plutôt que de l’enrichir.
On peut déplorer aussi une certaine distance dans l’évocation des
évènements.
En bref, un récit très bien documenté, soigné, mais desservi
par des maladresses de narration et dont on sent trop peu le cœur
palpiter.
Chronique par Jean Alinea
À noter que cet album a fait partie de la sélection
officielle du Festival d’Angoulême 2014 et a reçu le Prix France Info
2014 de la bande dessinée d'actualité et de reportage.
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