

Editeur : 12bis
C'était en 1979. Cette année-là, François Bourgeon avait créé l'événement en publiant La fille sous la dunette, le premier tome des Passagers du vent. Ce premier épisode, au dessin encore rond, rassemble plusieurs éléments du récit d'aventure romanesque classique. Le succès est fulgurant, et Bourgeon reçoit l'Alfred du meilleur dessinateur à Angoulème.

Son éditeur, Jacques Glénat, jusque là considéré comme marginal, saisit la balle au bond. Dans la magazine Vécu, il systématise ce qu'il estime être la "recette Bourgeon" : des histoires empreintes d'érotisme et de cruauté sur fond historique. Ce seront Les tours du Bois Maury, Les pionniers du Nouveau Monde, Les chemins de Malefosse, Les sept vies de l'Epervier et tant d'autres. La recette est parfois appliquée avec beaucoup de talent, mais aucun des descendants des Passagers du vent n'a jamais égalé l'original (sauf peut-être le premier épisode de Sambre).
En 1984, au bout du cinquième épisode, Le bois d'ébène, Bourgeon surprend tout le monde en arrêtant la série en plein succès : il est arrivé à saturation et craint une baisse de qualité. Il est l'un des rares auteurs à avoir pu s'offrir cette magnifique liberté : ne pas se laisser enfermer par l'attente du public et changer de registre, quitte à prendre parfois le lecteur à rebrousse-poil, pour garder intacte son énergie créatrice.
Avec six rééditions chez trois éditeurs différents, Les passagers du vent est l'une des rares séries à n'avoir jamais déserté les bacs des libraires. Un chef d'oeuvre de cet acabit, l'équivalent BD d'Autant en emporte le vent pour la puissance de l'intrigue et des personnages féminins, ne se démode pas.

Nous avions laissé Isa en 1782 ; nous la retrouvons en 1862, en pleine guerre de Sécession, à l'âge vénérable de 98 ans. Le récit est double puisque nous suivons les tribulation de sa descendante, Zabo, qui a hérité de sa fougue et de sa verve.
Loin d'être un remake ou la reprise trop facile d'un ancien succès, La petite fille Bois-Caïman est la superbe conclusion d'une saga qui nous avait laissés sur notre faim.
Chronique par Geoffroy d'Ursel