Auteurs : Schwartz et Yann
Editeur : Dupuis
Après un honorable Tombeau des Champignac*, revoici Yann au scénario d’un Spirou et Fantasio par… , cette collection parallèle qui laisse carte blanche aux réinterprétations personnelles - et souvent plus "adultes" - de divers auteurs et dessinateurs.
Changement de style. Histoire ébauchée il y a vingt ans pour feu Yves Chaland, Le groom vert-de-gris a trouvé en Olivier Schwartz le parfait remplaçant pour recréer une ambiance "nostalgique" des tout débuts de la série. On retrouve donc le Moustic Hôtel de Bruxelles, sous l’Occupation allemande en 1942.
Cependant, cet album souffre de la comparaison avec Journal d’un ingénu*, le Spirou et Fantasio signé Emile Bravo, qui optait également pour la ligne claire et le propos mémoriel. Si le Spirou de Bravo méritait de rejoindre le panthéon des meilleurs ouvrages de la série (aux côtés de ceux de Franquin et Tome et Janry), Le groom vert-de-gris m'a déçu.
On sait Yann capable d’intrigues efficaces et rocambolesques, truffées d’excellents personnages - principaux ou secondaires - et de dialogues savoureux… Mais on connait aussi son goût pour la surabondance de références pointues et la provocation (ici par exemple celle de faire coucher Fantasio avec une soldate allemande, et autres visions désinvoltes de l’Occupation). La narration est globalement assez fastidieuse et le récit ne reste pas en mémoire.
Autre bémol : il semble devenir assez systématique de rendre Spirou épris, probablement en compensation d’années d’abstinence. Mais là aussi Le journal d’un ingénu était plus subtil pour faire passer l’émotion.
Chronique par Joachim
* Lisez d'autres chroniques à propos des
aventures de Spirou et Fantasio :